Donald Trump se lance dans la vente de bibles

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Juste avant les célébrations de Pâques, dans une déclaration coup de poing dont il a le secret, Donald Trump (77 ans) a soulevé la question de la religion et du christianisme, soulignant leur absence préoccupante dans le pays. L'ancien président - qui contrairement à la plupart des présidents américains ne va pas à l’Eglise - a donc décidé de restaurer la foi en Amérique. Il va vendre des bibles, « son livre préféré », ornées d’un drapeau américain. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un partenariat avec le chanteur Lee Greenwood, une figure conservatrice de la musique country, dont la chanson « God Bless the USA » est un hymne bien connu des rassemblements de Trump. Mais, pour les autorités religieuses, le candidat républicain dans la course à la présidence, actuellement donné favori dans les sondages, instrumentalise la foi. Elles dénoncent une manœuvre purement électorale.

Cibler les chrétiens conservateurs

« Nous devons faire en sorte que l'Amérique prie à nouveau », a déclaré Trump dans une intervention télévisée, en faisant un jeu de mots volontaire en rapport à son slogan emblématique de campagne « Make America Great Again ». Dans la foulée, il a posté une vidéo sur son réseau social Truth affirmant que « les chrétiens sont assiégés », tout en promouvant une version de la Bible, accompagnée de ce qu'il a appelé les « documents des pères fondateurs » de l'Amérique.  

Le candidat républicain à la présidence, qui compte les chrétiens évangéliques conservateurs parmi ses plus fervents partisans et a pu bénéficier de leur soutien en 2016 et 2020, vend les bibles - qui contiennent, fait inhabituel, la Constitution des États-Unis et la Déclaration d'indépendance - au prix de 59,99 dollars. Aucune des recettes générées ne sera utilisée pour financer la campagne 2024 de Trump, affirme-t-il.

Faire autorité par la foi

Cependant, cette initiative n'est pas sans susciter des interrogations, notamment en raison des critiques qu'il a essuyées en 2020 après avoir posé pour une photo devant l’église St. John's - le bâtiment emblématique tout proche de la Maison-Blanche qui appartient à l'Église épiscopalienne - une Bible à la main, quelques minutes après que les forces de sécurité eurent dispersé par la force des manifestants de la zone, qui protestait à la suite de la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, décédé lors de son interpellation par la police à Minneapolis.

Selon les autorités religieuses, le milliardaire républicain « utilise le pouvoir symbolique de notre livre sacré comme si c'était la justification de ses positions et de son autorité. C’est honteux et moralement répugnant, l’antithèse même de l’enseignement de Jésus ». Si l’homme a tendance à se prendre pour Jésus-Christ, en instrumentalisant la Bible d’une telle façon, Trump entre dans cette lignée de personnes qui ont utilisé les écrits religieux comme outil de propagande.

La religion comme cheval de bataille

Cette stratégie n'est cependant pas nouvelle chez le septuagénaire que ses proches présentent souvent comme le « crucifié » par un système judiciaire corrompu. Lors de sa récente comparution retentissante au tribunal de New-York, consacrée aux fraudes financières de son empire immobilier, le républicain a ainsi republié un croquis d'audience où on le voit assis dans la salle d'audience... juste à côté de Jésus-Christ.

Alessandra d'Angelo