La canicule frappe l'économie européenne : des pertes chiffrées et des secteurs sous tension

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Alors que l’Europe affronte en 2025 de nouvelles vagues de chaleur extrême, les conséquences ne se limitent plus aux seuls records de température ou drames sanitaires. L’économie de tout le continent se retrouve étouffée, selon les dernières études et projections chiffrées.

Des pertes considérables sur le PIB européen

D’après une étude d'Allianz Trade publiée en juillet 2025, l’Europe pourrait perdre 0,5 point de croissance de PIB cette année en raison des vagues de chaleur répétées, soit plusieurs dizaines de milliards d’euros envolés. Ce recul impacte de façon variable les États, selon leur exposition :

  • France : -0,3 point de PIB (près de 9 milliards d’euros)
  • Espagne : -1,4 point
  • Italie : -1,2 point
  • Grèce : -1,1 point
  • Allemagne : -0,1 point

La comparaison est saisissante : une journée de chaleur extrême (supérieure à 32°C) équivaut à une demi-journée de grève en termes de pertes de productivité et d’activité.

Les secteurs les plus touchés

Agriculture

Premier secteur sous tension, l’agriculture subit des baisses de rendements spectaculaires. En 2003, une précédente canicule avait déjà réduit de 21% la production céréalière. En 2025, les scientifiques craignent des rendements en chute libre pour plusieurs cultures, avec parfois jusqu’à -80% pour certains légumes comme la carotte, selon l’agro-climatologue Serge Zaka. La floraison de fruits et légumes peut être perturbée voire totalement avortée.

Industrie et construction

Le secteur du BTP est aussi durement éprouvé, les chantiers devant parfois être arrêtés lors des épisodes les plus intenses. En France, 20% des entreprises de construction ont subi des retards ou arrêts dus à la chaleur. L’énergie et les transports sont également affectés, tout comme les réacteurs nucléaires dont la production doit être suspendue lors de pics caniculaires.

Des effets exponentiels sur la productivité globale

Au-delà des secteurs, c’est la productivité physique et cognitive de l’ensemble des salariés qui pâtit de la chaleur. Dès 32°C, la productivité physique décroît de près de 40% ; au-delà de 38°C, elle peut chuter des deux tiers. Les capacités intellectuelles sont aussi affectées, ce qui impacte de nombreux métiers de bureau ou d’étude.

Les effets économiques de la canicule ne s’arrêtent pas à l’année en cours. Une étude souligne qu’une région touchée peut subir une baisse de 1,4 point de PIB quatre ans après une canicule majeure. À l’horizon 2050, dans les grandes villes européennes, le PIB pourrait reculer de 2,5 points annuels à cause des vagues de chaleur.

Quelles réponses pour l’Europe ?

Face à ces défis, la Commission européenne et plusieurs gouvernements appellent à intensifier les mesures d’adaptation (adaptation des horaires et conditions de travail, aménagement des infrastructures et verdissement urbain). Selon l’Organisation Internationale du Travail, si les températures mondiales continuent d’augmenter, 80 millions d’emplois pourraient être perdus sur le globe du fait de la baisse de productivité induite par la chaleur.

Alessandra d'Angelo