Alors que les énergies renouvelables s’imposent dans le paysage énergétique européen, les Pays-Bas traversent une crise sans précédent liée à leur transition trop rapide. Files d’attente interminables pour les raccordements, rationnement et surcharges du réseau : le scénario catastrophe néerlandais pourrait-il se répéter en France et en Belgique ? Analyse d’une alerte qui résonne comme un avertissement pour toute l’Europe.
Des ambitions aux limites du système
En 2024, les Pays-Bas franchissent un seuil symbolique : plus de la moitié de leur électricité provient du solaire et de l’éolien. Mais cette réussite se transforme vite en casse-tête administratif et technique. Près de 12 000 entreprises et des milliers de logements sont désormais en attente de raccordement, tandis que certaines infrastructures cruciales – hôpitaux, casernes – doivent patienter des mois faute de réseau suffisant. L’intermittence des énergies renouvelables entraîne une gestion périlleuse des pics et creux de production, poussant même à organiser la consommation pour éviter les coupures. Un scénario inimaginable il y a encore quelques années dans ce pays industrialisé.
Réseau saturé et stockage insuffisant
L’exemple néerlandais révèle les faiblesses d’une transition trop rapide : le réseau de transport d’électricité, conçu pour l’ancien monde, se retrouve saturé face à la multiplication des sources intermittentes. Les capacités de stockage, indispensables pour lisser la production, sont dramatiquement insuffisantes. Conséquence logique : l’État envisage à nouveau le nucléaire pour garantir la sécurité d’approvisionnement, admettant implicitement que les renouvelables seuls ne suffisent pas.
France et Belgique : le risque d’un effet domino
La France, forte de son parc nucléaire, tient encore la barre, mais le développement accéléré de l’éolien et du solaire, conjugué à la fermeture de certains réacteurs, commence à peser sur le réseau. Les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme : sans investissements massifs dans les infrastructures et le stockage, la fragilité néerlandaise pourrait bien traverser les frontières.
En Belgique, la dépendance aux importations et la montée rapide des renouvelables font déjà parler de pénuries potentielles l’hiver et de plans de délestage prêts à être déclenchés.
Un signal d’alarme pour l’Europe entière
L’affaire néerlandaise démontre que le succès chiffré des renouvelables cache un problème plus profond : l’absence de pilotage, de flexibilité et d’investissements dans les réseaux. Sans solutions de stockage ou d’autres moyens pilotables comme le nucléaire, l’Europe risque de faire face à une crise énergétique aux conséquences sociales et économiques lourdes.
Le choc hollandais n’est pas seulement un revers pour les renouvelables : c’est une invitation pressante à concevoir une transition énergétique équilibrée. Réseaux modernisés, stockage, maintien d’un socle pilotable et innovation : c’est à ce prix que la France, la Belgique et leurs voisins éviteront la panne généralisée.