Les Belges risquent de faire face à une augmentation brutale du prix de certains médicaments couramment prescrits. À la suite de l’annonce de Frank Vandenbroucke, ministre fédéral de la Santé, le ticket modérateur pour plusieurs traitements va subir une hausse spectaculaire. Ainsi, le prix à charge pour une boîte de Pantomed, un médicament contre l’acidité gastrique, vendu actuellement autour de 4 euros, pourrait atteindre 15 euros. Quant aux statines comme l’atorvastatine (traitement du cholestérol), la facture pourrait bondir de 6 à 20 euros la boîte, selon les projections de Solidaris.
Une économie forcée
Cette mesure s’inscrit dans une politique plus large enclenchée par Frank Vandenbroucke, visant à réaliser 250 millions d’euros d’économies, dont 104,5 millions sur le seul poste de la surconsommation de médicaments. Le gouvernement estime en effet que ces traitements sont souvent prescrits de façon trop automatique, alors qu’ils pourraient être limités à une prescription « sur indications strictes ». La Belgique affiche l’un des taux les plus élevés d’Europe en matière de consommation de statines ou d’IPP (inhibiteurs de la pompe à protons), alimentant une hausse constante de la facture pharmaceutique remboursée par l’INAMI.
Un remboursement modifié
La réforme prévoit un changement du mode de remboursement : au lieu d’un forfait généralisé, chaque boîte coûtera davantage au patient jusqu’à un plafond annuel. Le gouvernement espère ainsi inciter médecins et patients à un usage plus raisonné, notamment en encourageant l’arrêt lorsqu’il n’est plus médicalement justifié.
Une taxe déguisée
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Solidaris parle d’« une taxe qui ne dit pas son nom », stigmatisant une approche qui reporte la charge financière sur les patients, y compris les plus fragiles. Plus d’un million de Belges cumulant ces médicaments devront ainsi faire face à des dépenses annuelles supplémentaires de l’ordre de 130 euros en moyenne.
Pour Solidaris et plusieurs acteurs sociaux, la solution ne réside pas dans la hausse du ticket modérateur, mais dans une remise en question du modèle économique de l’industrie pharmaceutique. Ils soulignent aussi que la majorité des patients concernés sont âgés ou atteints d’affections chroniques, pour lesquels la question du renoncement aux traitements n’est pas anodine.
Une réforme levier ?
Frank Vandenbroucke tempère et défend sa réforme comme un levier pour « rationaliser l’offre de soins et faire des économies nécessaires sans nuire à la santé publique ». Le ministre souligne que le plafond d’intervention majorée pour les personnes les plus précaires reste inchangé, et que le nouvel équilibre financier doit avant tout permettre de garantir la viabilité à long terme de l’assurance-maladie.
Néanmoins, la mutualité socialiste et d’autres acteurs plaident pour plus de transparence dans la fixation des prix et pour une contribution accrue de l’industrie pharmaceutique, et ce, afin de ne pas faire peser le fardeau sur les seuls patients. Dans ce débat, la question du « juste prix » des médicaments et de la maîtrise des volumes de prescriptions s’invite plus que jamais dans le débat public.
En attendant, pour de nombreux Belges, la note risque d’être… salée.