On l’aimait… ou pas, mais Thierry Ardisson a incontestablement bouleversé la télévision française, imposant sa patte impertinente sur le format de la fin de soirée. Décédé le 14 juillet 2025 à l’âge de 76 ans, il laisse derrière lui un héritage unique, fait d’émissions emblématiques, de polémiques retentissantes et de répliques inoubliables.
L’irrévérence pour ADN
Né en 1949, Ardisson fait ses armes dans la publicité, où il forge son sens de la formule et du marketing. Mais c’est à la télévision qu’il explose, dès les années 80, avec « Lunettes noires pour nuits blanches ». Il enchaîne ensuite les concepts novateurs : « Paris Dernière », « Double Jeu », « Rive droite/Rive gauche », puis surtout « Tout le monde en parle » et « Salut les Terriens ! ». Il y impose un style direct, parfois dérangeant, où l’irrévérence côtoie la profondeur, et où l’humour noir sert de passeport pour explorer les zones grises de la société.
Des séquences culte
Ardisson n’a jamais cherché le consensus. Il a préféré bousculer les codes, inviter des personnalités inattendues, provoquer des débats enflammés et tendre des pièges verbaux à ses invités. Son duo avec Laurent Baffie, ses joutes avec Christine Angot ou ses face-à-face avec des politiques comme Michel Rocard ont donné lieu à des séquences devenues cultes. Il a su faire de la télévision un espace de liberté, parfois de transgression, où le malaise pouvait côtoyer l’éclat de rire.
Une singularité revendiquée
Le parcours d’Ardisson est aussi jalonné de controverses : accusations de sexisme, séquences jugées choquantes, invités polémiques. Mais il assumait tout, revendiquant sa singularité et sa liberté de ton dans un paysage audiovisuel souvent formaté. « Je préfère être détesté pour ce que je suis qu’aimé pour ce que je ne suis pas », disait-il, fidèle à son image d’homme en noir, à la fois cynique et passionné.
Créatif insatiable, il ne s’est jamais reposé sur ses lauriers. Jusqu’à la fin, il innove, lançant en 2022 « Hôtel du Temps », où il ressuscite des figures disparues grâce à la technologie deep fake, repoussant encore les limites du possible à la télévision.
Thierry Ardisson s’en va, laissant un vide immense dans le PAF. On l’aimait… ou pas, mais il a su imposer sa voix, son style et son audace, marquant à jamais l’histoire des médias français. Salut le Terrien !