La récente nomination de Lucie Demaret à la présidence du conseil d’administration de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) a ravivé le débat sur le népotisme en politique belge. En cause : le choix assumé de Georges-Louis Bouchez, président du MR, d’attribuer ce poste stratégique à sa compagne, une décision qui divise la sphère politique et interroge la notion de méritocratie.
La désignation de Lucie Demaret, conseillère provinciale du Hainaut et sœur de Géraldine Demaret (présidente du conseil d’administration de la Loterie nationale), s’inscrit dans la lignée d’autres nominations familiales ayant déjà suscité la controverse. Si son parcours politique n’est pas vierge – elle a siégé dans plusieurs cabinets ministériels MR et occupé des mandats locaux –, c’est surtout sa proximité avec le président du parti qui alimente les critiques.
Le népotisme, une vieille pratique
Le népotisme, défini comme la tendance à favoriser ses proches dans l’attribution de postes publics, n’est pas nouveau. Hérité des pratiques de la Renaissance, il est devenu un sujet sensible dans les démocraties modernes, où la neutralité de l’État et la sélection des élites sur base du mérite sont censées primer. Pourtant, la nomination de Lucie Demaret rappelle que cette tradition persiste, même au sein de partis qui se réclament de la bonne gouvernance et de la méritocratie.
Une légalité contestée, une éthique discutée
Sur le plan légal, rien n’interdit à Georges-Louis Bouchez de proposer sa compagne à la tête de l’ONE. Les présidences de conseils d’administration dans les organismes publics sont souvent le fruit d’accords politiques, sans procédure formalisée garantissant la transparence ou l’objectivité. Mais c’est précisément ce flou qui nourrit le malaise : la compétence de Lucie Demaret n’est pas remise en cause, mais le critère de proximité personnelle apparaît comme déterminant.
Ce choix suscite l’indignation de nombreux responsables politiques, qui reprochent au MR de reproduire les pratiques qu’il dénonçait chez ses adversaires. Les accusations de « copinage » et de « gouvernance à géométrie variable » fusent, certains y voyant une trahison des principes affichés par le parti libéral. Pour Georges-Louis Bouchez, la polémique est vaine : « Je choisis qui je veux », a-t-il rétorqué, assumant pleinement la dimension discrétionnaire de sa décision.
Un symptôme d’une crise de confiance
Au-delà du cas Demaret, cette affaire illustre la difficulté persistante de la politique belge à se défaire des logiques de réseau et de clan. Elle met en lumière l’écart entre les discours sur la transparence et la réalité des pratiques, alimentant la défiance des citoyens envers leurs institutions. Tant que la sélection des élites ne reposera pas sur des critères objectifs et transparents, le soupçon de népotisme continuera de miner la légitimité de la gouvernance publique