Santé en danger : 25 établissements bruxellois pollués par le NO₂

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Le report de la LEZ inquiète les défenseurs de la santé publique. Des hôpitaux et maisons de repos sont surexposés à des niveaux alarmants de NO₂. C’est ce que révèle une étude menée par l’association Les Chercheurs d’Air, en collaboration avec l’UCLouvain, qui a analysé la qualité de l’air dans 133 établissements de santé de la capitale à l’aide du logiciel SIRANE. Le constat est sans appel.

Des seuils au-delà des recommandations de l’OMS

Toutes les valeurs mesurées dépassent le seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le dioxyde d’azote (NO₂), un polluant principalement issu du trafic routier.

Parmi les 25 sites les plus touchés figurent la polyclinique du Lothier, la Clinique Saint-Jean (sites Botanique et Méridien), le Centre médical Parc Léopold, la Clinique de la Basilique, le CHU Saint-Pierre (sites Alexiens/César de Paepe et Porte de Hal) et le Centre médical Europe-Lambermont. Ces établissements accueillent chaque année plusieurs centaines de milliers de patients.

Plus largement, l’étude montre que la totalité des 133 établissements de santé bruxellois dépassent le seuil annuel de 10 µg/m³ fixé par l’OMS, un chiffre qui place Bruxelles parmi les villes européennes les plus polluées en NO₂.

Le trafic routier en cause

Le trafic routier, principal responsable de cette pollution, génère à lui seul près de la moitié des émissions d’oxydes d’azote dans la capitale. Les conséquences sanitaires sont majeures, notamment pour les personnes vulnérables qui fréquentent ces établissements — personnes âgées, enfants, malades chroniques — pour qui la pollution de l’air aggrave ou provoque de nombreuses pathologies respiratoires et cardiovasculaires.

Le rapport pointe également que les niveaux réels de pollution sont probablement sous-estimés : les mesures ne prennent pas en compte le trafic du ring de Bruxelles, pourtant proche de plusieurs établissements, et sont souvent réalisées en hauteur, alors que l’exposition au niveau de la rue est plus élevée.

Le maintien du calendrier de la LEZ

Face à cette situation, Les Chercheurs d’Air et plusieurs associations demandent le maintien du calendrier initial de la Zone de Basses Émissions (LEZ), qui prévoyait la sortie du diesel dès 2025. Son report à 2027 est dénoncé comme un recul sanitaire, affaiblissant la protection de la santé publique et de l’environnement. L’association plaide également pour des mesures complémentaires : rues scolaires, quartiers apaisés, développement de l’autopartage et optimisation des livraisons.

Pierre Dornier, directeur de l’ASBL, alerte : « Nous sommes face à une situation alarmante. Les hôpitaux et maisons de repos sont censés être des lieux de guérison, pas d’exposition à des niveaux dangereux de pollution. Le remède ne doit pas être pire que le mal ! »

La Cour constitutionnelle doit se prononcer le 2 juillet sur le report du calendrier de la LEZ. Pour les défenseurs de la santé publique, il y a urgence à agir pour garantir un air sain dans les lieux de soins et protéger les Bruxellois les plus fragiles.

Alessandra d'Angelo