Mariage de Jeff Bezos à Venise : la ville prise en otage par le roi des milliardaires

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Du 24 au 26 juin, Venise s’apprête à accueillir l’un des mariages les plus extravagants de la décennie. Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et troisième fortune mondiale, épousera la journaliste Lauren Sanchez dans la cité des Doges, entouré d’une pléiade de VIP. Mais derrière le faste, la contestation gronde : habitants et collectifs dénoncent la privatisation d’une ville déjà fragilisée par le tourisme de masse, tandis que les autorités locales misent sur des retombées économiques.

Un mariage à la hauteur de la fortune Bezos

L’événement s’annonce grandiose. Cinq des hôtels les plus luxueux de Venise ont été entièrement réservés pour l’occasion : le Belmond Hotel Cipriani, le St. Regis Venice, le Gritti Palace, l’Hôtel Danieli et l’Aman Venice, transformant temporairement la Sérénissime en un écrin exclusif pour quelque 200 invités triés sur le volet. La logistique déployée est digne d’un sommet international : une flotte de bateaux-taxis privatisée, un quai réservé pour le méga-yacht Koru de Jeff Bezos, et des mesures de sécurité dignes d’un chef d’État.

Parmi les convives attendus, la presse évoque la présence de figures influentes du monde des affaires, de la tech et du spectacle, comme Bill Gates, Warren Buffett, Elon Musk, Oprah Winfrey, George et Amal Clooney, Beyoncé et Jay-Z. La liste exacte reste confidentielle, mais l’événement promet d’attirer les regards du monde entier.

Les vénitiens mécontents

Si le maire Luigi Brugnaro salue l’arrivée du couple et anticipe des retombées économiques « en millions de dollars » pour la ville, la population locale ne partage pas son enthousiasme. Dès l’annonce du mariage, des collectifs d’habitants, réunis sous la bannière « No Space for Bezos », ont multiplié les actions de protestation : banderoles, affiches et stickers ont fleuri sur les murs de la ville, dénonçant la privatisation de l’espace public et l’intrusion d’une « démesure » jugée indécente.

« Il n’est pas le bienvenu, ni à Venise, ni ailleurs ! », a martelé le collectif sur les réseaux sociaux, appelant à un rassemblement contre l’événement. Leur slogan, « Venise est une ville vivante, pas un local à louer au meilleur prix », résume le malaise d’une cité déjà submergée par le tourisme de masse et les événements privés de prestige. La bannière géante barrée du nom de Bezos, accrochée à un clocher dominant la lagune, a été rapidement retirée, mais le message est passé : la fête ne fait pas l’unanimité.

La municipalité, elle, se veut rassurante : seuls 200 invités sont attendus, et « aucune perturbation » n’est à prévoir pour la vie quotidienne des Vénitiens ou des touristes. Les autorités rappellent que Venise a l’habitude de gérer des événements d’ampleur, comme le G20 ou la Mostra de cinéma, et assurent que tout sera fait pour préserver la tranquillité de la ville.

Un précédent : le mariage de Georges Clooney en 2014

Ce n’est pas la première fois que Venise sert d’écrin à un mariage ultra médiatisé. En 2014, la ville avait déjà accueilli les noces de l’acteur George Clooney et de l’avocate Amal Alamuddin, suscitant alors moins de critiques, sans doute en raison d’un contexte moins tendu autour du tourisme de masse et de la gentrification. Mais depuis, la situation s’est aggravée : Venise peine à réguler l’afflux de visiteurs et voit sa population permanente décliner chaque année.

 

Alessandra d'Angelo