Marché unique européen : l’illusion des frontières abolies

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Présenté depuis plus de trente ans comme le moteur de la prospérité européenne, le marché unique se révèle aujourd’hui bien moins ouvert qu’il n’y paraît. Derrière la façade de la libre circulation, les entreprises et les citoyens européens se heurtent à une jungle de réglementations nationales et à une inflation normative venue de Bruxelles, qui freinent lourdement les échanges intra-européens.

Les chiffres sont sans appel

Selon une estimation récente du FMI, les coûts moyens du commerce intra-UE pour les biens atteignent 44%, soit l’équivalent d’un droit de douane invisible, tandis que pour les services, ces barrières grimpent à 110%. Autrement dit, faire circuler un service d’un pays à l’autre dans l’Union européenne coûte, en moyenne, plus du double du prix initial, un niveau comparable aux droits de douane imposés par Donald Trump à la Chine. Ces coûts ne proviennent pas de taxes officielles, mais de l’accumulation de règles nationales, de procédures de certification redondantes et de contrôles fragmentés, tant au niveau national qu’européen.

Des coûts considérables

Loin de garantir une véritable libre circulation, le marché unique impose donc aux entreprises des coûts considérables, souvent invisibles pour le consommateur final. Cette réalité explique pourquoi de nombreux entrepreneurs préfèrent s’installer aux États-Unis, où le marché intérieur est plus homogène et moins contraignant. L’excès de réglementation et sa fragmentation sont régulièrement pointés du doigt par les experts et les anciens responsables européens, qui dénoncent une situation où les barrières internes à l’UE dépassent parfois celles imposées par des puissances extérieures.

La simplification, que des promesses !

La Commission européenne, consciente du problème, a récemment lancé une nouvelle stratégie pour tenter de simplifier et d’harmoniser le marché intérieur. Mais dans les faits, ces annonces peinent à se traduire par des avancées concrètes. Malgré les promesses de « simplification » et d’« harmonisation », la réalité demeure celle d’un empilement de normes et de réglementations nationales, souvent contradictoires, qui freinent la libre circulation des biens et des services. Les États membres restent jaloux de leurs prérogatives et rechignent à abandonner leurs spécificités, rendant toute réforme véritablement ambitieuse difficile à mettre en œuvre.

Résultat : les entreprises, surtout les PME, continuent de se heurter à des obstacles administratifs et à des coûts cachés qui minent leur compétitivité. Les belles intentions de Bruxelles se heurtent donc à la résistance des États et à la complexité bureaucratique, laissant le marché unique dans un état de semi-paralysie, loin des ambitions affichées lors de sa création.

 

Alessandra d'Angelo