Depuis son retour à la présidence le 20 janvier 2025, la popularité de Donald Trump a connu une forte baisse, atteignant des niveaux historiquement bas pour un président américain à ce stade de son mandat. Et pourtant, le Parti démocrate américain s’enfonce dans une crise sans précédent, incapable de capitaliser sur les faiblesses du président républicain. Retour sur une débâcle qui fait les affaires de la droite américaine.
Pas d’alternative crédible
Le Parti démocrate traverse sa pire crise de popularité depuis des décennies. Selon une enquête SSRS pour CNN, seulement 29% des Américains ont aujourd’hui une opinion favorable des Démocrates, contre 54% d’opinions défavorables, un record négatif depuis au moins 1992. Cette chute s’est accélérée après la perte de la présidence et du Sénat en novembre 2024, laissant le camp démocrate sans aucun levier de pouvoir national.
Ce désamour s’explique en partie par l’incapacité du parti à incarner une alternative crédible à la droite. Les électeurs reprochent aux Démocrates leur opposition inefficace à l’agenda de Trump et leur manque de propositions concrètes, se contentant trop souvent de dénoncer le « péril autoritaire » du président républicain sans offrir de projet mobilisateur. Même dans les grandes métropoles historiquement acquises à la gauche, la désertion des urnes a été massive : les démocrates ont perdu près de deux millions de voix dans les dix plus grandes villes entre 2020 et 2024, tandis que Trump n’en a gagné que 254.000.
Un parti sans leader
La gauche américaine souffre d’un cruel déficit de leadership. Après le retrait forcé de Joe Biden, affaibli par des problèmes de santé longtemps dissimulés par son entourage, Kamala Harris peine à rassembler et à incarner l’alternative. Son positionnement oscillant entre centre-gauche et progressisme « woke » ne convainc ni l’aile gauche du parti, ni les électeurs modérés, ni les classes populaires en voie de désaffection. L’absence de figures charismatiques capables de fédérer une coalition majoritaire laisse le parti dans une impasse stratégique, tiraillé entre la tentation du repli identitaire et la nécessité de renouer avec les classes moyennes et populaires.
Une droite qui capitalise
Face à cette déroute, la droite américaine, soutenue par des think tanks influents comme la Heritage Foundation, impose son agenda et sa vision d’un État fort, recentré sur les valeurs traditionnelles et la déréglementation. Malgré une popularité en dents de scie – tombée à 43% en avril avant de remonter à 44,3 % en mai – Trump bénéficie d’un socle électoral fidèle, notamment chez les classes moyennes et les électeurs âgés, déçus par la gestion économique et sociale des Démocrates.
La stratégie républicaine consiste à renforcer le contrôle de l’exécutif, à purger l’administration des éléments progressistes et à s’appuyer sur la polarisation croissante de la société américaine. Les Républicains ont su capter le vote des classes moyennes, des ouvriers et d’une partie des minorités, autrefois piliers de la coalition démocrate, en se présentant comme le parti du changement face à une gauche perçue comme élitiste et déconnectée.