Sept compagnies aériennes, toutes arborant fièrement l’étendard du billet à prix cassé - Ryanair, EasyJet, Transavia, Norwegian, Volotea, Wizzair et Vueling - se retrouvent dans le viseur d’une coalition d’associations de défense consommateurs pour avoir facturé illégalement les bagages à main, en toute violation du droit européen et du bon sens. Dans un communiqué l'UFC-Que choisir, partie prenante de cette initiative aux côtés de 15 autres ONG membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), dénonce des « frais indus ». L’Europe du ciel bon marché démontre que le « low cost » n’est qu’un autre nom pour la spoliation organisée du consommateur.
Le bagage à main est un droit
La Cour de justice de l’Union européenne a pourtant tranché dès 2014 : un bagage à main de taille raisonnable, respectant poids et normes de sécurité, doit être inclus dans le prix du billet. Point final. Malgré cette jurisprudence, de nombreuses compagnies continuent à facturer ces services comme des options « premium » ou à multiplier les suppléments, contournant ainsi l’esprit de la réglementation européenne
Malgré des condamnations retentissantes, comme l’amende de 179 millions d’euros infligée en Espagne fin 2024, se retranchant derrière une lecture biaisée du droit européen et arguant de la « liberté tarifaire », certaines compagnies persistent à imposer des frais supplémentaires, parfois dissimulés jusqu’à la dernière étape de la réservation, empêchant toute comparaison loyale entre transporteurs. Ryanair facture jusqu’à 36 euros pour un bagage cabine, EasyJet 43 euros, Volotea 23 euros, et Vueling atteint des sommets à 280 euros selon les cas.
Dérégulation et tromperie
Ryanair, championne toutes catégories du mépris du consommateur, multiplie les pratiques trompeuses : facturation illégale du bagage à main, réservation opaque via des “bundles” qui embrouillent le client, messages commerciaux anxiogènes (“plus que 4 sièges à ce prix !”), et même frais pour s’asseoir à côté de son propre enfant mineur, pourtant interdit en Italie depuis 2024.
Ce scandale n’est pas qu’une affaire de bagages : il révèle l’incapacité chronique de Bruxelles à faire respecter ses propres règles. Les autorités nationales et européennes, paralysées par la peur de « restreindre le choix des consommateurs » ou de « nuire à la concurrence », peinent à sanctionner les abus, laissent prospérer un système où le prix affiché n’a plus aucun sens et où le client est piégé par une myriade de suppléments imprévisibles.
Le « low cost » ne doit pas être le cheval de Troie de la dérégulation et de la tromperie. L’Europe doit choisir : défendre ses citoyens ou continuer à protéger les marges de compagnies qui se moquent de la loi et du consommateur. Associations de consommateurs (UFC-Que Choisir, CLCV, BEUC…) et eurodéputés réclament une clarification des services inclus dans le prix de base du billet et des sanctions contre les pratiques commerciales abusives.