Pfizergate : quand l’Europe sacrifie la transparence sur l’autel des deals secrets

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Le 14 mai, la Cours de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a infligé un revers cinglant à la Commission européenne, en annulant son refus de donner accès aux échanges privés entre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, et Albert Bourla, PDG de Pfizer, au plus fort de la pandémie de Covid-19. Ces SMS, échangés alors que l’UE négociait dans l’urgence l’achat de centaines de millions de doses de vaccins (1,8 milliards de doses) pour des montants astronomiques (35 milliards d’euros), restent à ce jour secrets, malgré l’insistance de journalistes et la pression de la société civile.

La Commission prise en flagrant délit d’opacité

Ce n’est pas la première fois que Bruxelles est épinglée pour son manque de transparence, mais l’affaire prend une dimension inédite. Saisie par une journaliste du New York Times, la justice européenne a constaté que la Commission n’a jamais apporté la moindre preuve crédible de la non-existence ou de la perte de ces messages. Pire, elle s’est contentée d’affirmations vagues, incapables de convaincre qu’une recherche sérieuse avait été menée pour retrouver ces documents, pourtant susceptibles d’éclairer les conditions opaques dans lesquelles ont été négociés des contrats publics de plus de 35 milliards d’euros.

« La Commission ne peut pas se contenter d’affirmer qu’elle ne détient pas les documents demandés, mais doit présenter des explications crédibles permettant au public et au tribunal de comprendre pourquoi ces documents sont introuvables », a rappelé sèchement le Tribunal de l’UE.

Un parfum de favoritisme et de gestion discrétionnaire

Le Pfizergate révèle la dérive d’une Europe technocratique où les plus hautes décisions se prennent dans l’opacité la plus totale, loin de tout contrôle démocratique. Ursula von der Leyen, déjà visée par des plaintes pour « destruction de documents publics » et « corruption » (bien que jugées irrecevables en Belgique), s’était arrogé le rôle de négociatrice en chef, échangeant directement avec le patron de Pfizer. Résultat : un contrat colossal, négocié dans des conditions que le public est toujours empêché de connaître.

Le Tribunal de l’UE vient de rappeler à l’ordre une Commission européenne plus soucieuse de préserver ses petits arrangements que de respecter les principes fondamentaux de la démocratie. Ce jugement est un rappel salutaire : même en temps de crise, l’exigence de transparence ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de l’urgence. Les citoyens européens ont le droit de savoir comment ont été négociés ces contrats historiques, qui engagent leur santé et des milliards d’euros d’argent public. En refusant obstinément de rendre des comptes, la Commission alimente la défiance et mine la légitimité des institutions européennes.

C’est fini le « covid long politique ! Ursula von der Leyen et son équipe doivent désormais s’expliquer, sous peine de voir s’installer durablement le soupçon d’un pouvoir européen qui préfère l’ombre à la lumière. En tout cas, tous cela ne dérangent apparemment pas les dirigeants européens qui l’ont reconduite à la présidence de la Commission…

 

Alessandra d'Angelo