Les démocraties européennes sont aujourd’hui confrontées à un défi majeur : celui des ingérences étrangères orchestrées par des régimes autoritaires, notamment la Russie et la Chine. Profitant de l’ouverture de nos sociétés et de la liberté de la presse, ces puissances cherchent à manipuler l’opinion publique, à semer la discorde et à affaiblir nos institutions. Cette guerre cognitive, qui passe par la désinformation, les cyberattaques et le financement occulte de certains mouvements politiques, met à rude épreuve la résilience de nos démocraties. Face à ce danger, l’UE doit urgemment renforcer ses dispositifs de protection.
Sus à la désinformation
Comme l’a rappelé, le 2 mai dernier sur France Culture, Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors et experte des questions européennes et internationales, « L’Union européenne doit cesser d’être naïve face à la sophistication des ingérences étrangères. Nous ne pouvons plus opposer la défense de nos valeurs à la protection de notre souveraineté : il faut les conjuguer ». Il est indispensable de doter les États membres de moyens accrus pour détecter et contrer la désinformation étrangère. Cela passe par le renforcement des agences nationales de renseignement et une meilleure coordination au niveau européen, via l’European Centre of Excellence for Countering Hybrid Threats.
Plus de transparence
Nicole Gnesotto souligne aussi la nécessité d’une plus grande transparence dans le financement des partis politiques et des ONG. Trop souvent, des fonds venus de l’étranger servent à influencer nos débats et à soutenir des candidats hostiles à l’intérêt national. En 2022, le Conseil de l’UE a adopté une orientation générale pour réviser le règlement sur le financement, avec pour objectif de renforcer la transparence, d’encadrer davantage les flux financiers et de limiter la charge administrative. Une nouvelle législation, adoptée par le Parlement européen, facilite l’accès au financement tout en imposant davantage d’exigences de transparence, notamment sur les dons provenant de partis ou organisations membres de pays du Conseil de l’Europe, sous réserve de respect des valeurs fondamentales de l’UE. Encore faut-il « assumer ces mesures de fermeté ». Soit, les appliquer ?
Education aux médias
Enfin, pour Nicole Gnesetto, « l’UE doit investir massivement dans l’éducation aux médias et la formation des citoyens à l’esprit critique ». Les campagnes de désinformation et les mécanismes des agents russes notamment sont désormais bien connus. Ils sèment le trouble et la confusion. Cela implique aussi des sanctions ciblées, dont la possibilité de restreindre l’accès à certains médias étrangers notoirement instrumentalisés, à l’image de ce que font déjà plusieurs pays européens avec RT ou Sputnik. En septembre 2024, à l’approche des élections présidentielles américaines, Meta a également banni les médias russes de ses plateformes.