Pour incarner l’ordre, Trump ordonne la réouverture d’Alcatraz

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Dans un message publié sur son réseau Truth Social, Donald Trump annonce avoir ordonné au Bureau fédéral des prisons, en coordination avec le ministère de la Justice, le FBI et le ministère de l’Intérieur, de « rouvrir, agrandir substantiellement et reconstruire Alcatraz ». Cette position sécuritaire vise à incarcérer « les criminels les plus dangereux et les plus violents d’Amérique dans un lieu chargé d’histoire afin tenir éloignés les nuisibles. C’est un retour aux sources ». Une mythique prison controversée.

Un gouffre financier

Située sur un îlot rocheux dans la baie de San Francisco, Alcatraz a longtemps été considérée comme une forteresse inébranlable, réputée pour son isolement et l’impossibilité présumée de s’en évader. Elle a accueilli des figures emblématiques du crime organisé, dont Al Capone, et a marqué l’imaginaire collectif, notamment à travers l’évasion spectaculaire de 1962, immortalisée par le film « L’évadé d’Alcatraz » avec Clint Eastwood.

Fermée en 1963, après seulement 29 ans de service, la prison a été jugée trop coûteuse à exploiter : l’acheminement de nourriture, de carburant et de 3,8 millions de litres d’eau potable par semaine nécessitait des moyens logistiques considérables, l’île ne disposant d’aucune ressource naturelle. À sa fermeture, Alcatraz coûtait près de trois fois plus cher que n’importe quelle autre prison fédérale.

Un projet jugé irréaliste

L’annonce de Donald Trump a immédiatement suscité de vives réactions, notamment en Californie. De nombreux responsables politiques, dont la démocrate Nancy Pelosi et le sénateur Scott Wiener, ont qualifié le projet « d’absurde » et de « peu sérieux ». Depuis 1972, le site est devenu l’un des sites touristiques du Service des parcs nationaux les plus visités, attirant plus d’un million de visiteurs chaque année. Cette reconversion a fait d’Alcatraz un symbole ambivalent, à la fois mémoire d’un passé carcéral dur et vitrine du patrimoine américain.

Des experts du système carcéral soulignent également les défis techniques et financiers majeurs d’une telle réouverture. La structure du bâtiment est aujourd’hui délabrée, nécessitant une reconstruction quasi totale pour répondre aux normes actuelles de sécurité, d’hygiène et d’environnement. Selon d’anciens responsables du Bureau des prisons, les coûts d’exploitation pourraient être cinq fois supérieurs à ceux d’une prison moderne, sans garantie d’efficacité.

En résumé, malgré les effets d’annonce de Trump, entre nostalgie d’un passé répressif, contraintes budgétaires et statut patrimonial du site, la faisabilité et la pertinence d’une réouverture sont plus qu’en points de suspension. Mais, quand le locataire de la Maison Blanche dit quelque chose, il faut le prendre au mot…

Alessandra d'Angelo