L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), fondé en 2013, a été officiellement classé comme « extrémiste de droite avéré » par l’Office fédéral de protection de la Constitution, le service de renseignement intérieur allemand, le 2 mai 2025. Cette décision, qui intervient après trois ans d’enquête, marque une étape majeure dans la surveillance de ce parti, désormais placé sous un contrôle renforcé incluant l’utilisation d’informateurs et la surveillance des communications privées. L’AfD, qui a réalisé une percée historique lors des élections législatives de février 2025 en obtenant plus de 20% des voix et en devenant la première force d’opposition au Bundestag, est désormais considéré par les autorités comme « une menace pour l’ordre démocratique allemand ». Le vice-président américain, JD Vance, accuse « l’establishment » allemand d'avoir «reconstruit» le mur de Berlin.
Une montée des tensions liées à l’immigration
Le classement de l’AfD comme mouvement « extrémiste de droite » repose sur des « preuves » que le parti porte atteinte à la dignité humaine et dévalorise des groupes entiers de la population, notamment les migrants et les minorités, ce qui est incompatible avec les principes fondamentaux de la démocratie allemande. L’Office de protection de la Constitution souligne que l’idéologie de l’AfD repose sur une conception ethno-nationaliste du peuple allemand et s’accompagne d’une agitation xénophobe, anti-islam et antimusulmane constante, alimentant la peur et l’hostilité envers les minorités. Cette radicalisation s’inscrit dans un contexte de montée des tensions liées à l’immigration, particulièrement depuis l’accueil massif de migrants en Allemagne à partir de 2015-2016, qui a nourri le succès électoral du parti, surtout dans les régions de l’Est anciennement communistes.
Une exclusion politique
La réaction internationale à cette classification a été vive, notamment aux États-Unis. Le vice-président américain JD Vance a dénoncé ce classement comme une tentative de « détruire » le parti le plus populaire d’Allemagne, particulièrement représentatif de l’Allemagne de l’Est, avec un retour à une forme de division et d’exclusion politique. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a quant à lui qualifié l’Allemagne de « tyrannie déguisée » pour avoir donné à son agence de renseignement des pouvoirs accrus pour surveiller l’opposition politique, dénonçant une atteinte à la démocratie et appelant à un revirement. Ces critiques américaines, qui s’inscrivent dans une posture plus large de l’administration Trump vis-à-vis des partis populistes européens, ont été fermement rejetées par le gouvernement allemand, qui défend la décision comme une mesure nécessaire pour protéger la Constitution et l’État de droit, rappelant l’importance de lutter contre l’extrémisme de droite au regard de l’histoire allemande.
Une décision politiquement motivée
L’AfD, de son côté, conteste vigoureusement ce classement, le qualifiant « de décision politiquement motivée et d’attaque contre la démocratie ». Le parti, qui a su capitaliser sur les inquiétudes liées à l’immigration et la déstabilisation économique et politique, notamment dans l’Est de l’Allemagne, continue de bénéficier d’un soutien important, dépassant même parfois les partis traditionnels comme l’Union chrétienne-démocrate (CDU) dans les sondages. Son programme repose sur un souverainisme ethno-nationaliste, un rejet de l’Union européenne, une politique migratoire très restrictive, ainsi qu’une opposition aux politiques climatiques européennes jugées coûteuses et inefficaces.
Cette classification par Berlin ouvre la voie à une surveillance accrue et relance le débat sur une éventuelle interdiction de l’AfD, une mesure pourtant très encadrée juridiquement en Allemagne. Alors que Friedrich Merz, le nouveau chancelier conservateur, doit être investi, l’AfD reste cantonné à l’opposition faute d’alliés pour former une coalition, mais son poids politique et sa capacité à influencer le débat public sont indéniables. Le contexte politique allemand est ainsi marqué par une polarisation accrue, une montée des tensions autour de la question migratoire et une défiance croissante envers les partis traditionnels, ce qui nourrit l’essor de l’AfD et les controverses qui l’entourent.