Amazon et fiscalité : la vérité sur les prix qui dérange

Share on Facebook

Les entreprises américaines sont prises en étau par les droits de douane imposés par Donald Trump, qui enchérissent les prix des produits importés de Chine. C’est dans ce contexte qu’Amazon a récemment déclenché une tempête politique en annonçant vouloir afficher, pour chaque produit vendu sur sa plateforme américaine, la part de l’augmentation de prix directement imputable aux droits de douane instaurés sous la présidence Trump. L’objectif était limpide : informer les consommateurs que la hausse des tarifs n’était pas de son fait, mais bien la conséquence des politiques protectionnistes américaines. Un débat qui dépasse Amazone.

Cette initiative de transparence, saluée par certains observateurs économiques comme une avancée nécessaire, n’aura finalement jamais vu le jour. La Maison-Blanche, par la voix de sa porte-parole Karoline Leavitt, a qualifié cette démarche d’« acte hostile et politique », allant jusqu’à l’assimiler à de la « propagande chinoise ». Face à la pression, Amazon a fait marche arrière, expliquant que le projet n’avait jamais été officiellement validé et ne serait pas mis en œuvre.

Un impact sur le portefeuille du consommateur

Derrière cette polémique se cache une réalité économique bien plus large. Les droits de douane, loin d’être absorbés par les entreprises étrangères, sont en pratique payés par les consommateurs américains. Plusieurs études académiques, dont une publiée dans The Quarterly Journal of Economics, démontrent que l’intégralité de ces taxes est répercutée sur le prix final des produits importés. Résultat : lors du premier mandat de Donald Trump, ces mesures ont entraîné une forte baisse des importations et des exportations, tout en coûtant 51 milliards de dollars aux acheteurs américains, soit 0,27 % du PIB. D’autres analyses estiment que chaque ménage américain a payé en moyenne 1.200 dollars de plus par an du fait de ces politiques tarifaires, un fardeau particulièrement lourd pour les foyers modestes.

Des répercussions bien réelles sur le marché

Les conséquences ne se limitent pas à une simple ligne sur un ticket de caisse. Pour tenter de limiter l’impact de ces droits de douane, Amazon et d’autres géants de la distribution comme Walmart et Target ont multiplié les stratégies : pression sur les fournisseurs pour absorber les hausses, suppression de certains avantages, voire suspension temporaire d’expéditions en provenance de Chine. Malgré ces efforts, de nombreuses sociétés tierces vendant sur Amazon ont été contraintes d’augmenter leurs prix pour compenser l’effet des nouveaux tarifs douaniers, en particulier sur les produits importés de Chine, désormais frappés par des droits pouvant atteindre 145 %.

La fin de l’exemption de taxe dite « de minimis », qui permettait aux petits colis importés d’échapper aux droits de douane, va encore accentuer la hausse des prix sur les plateformes de commerce en ligne, touchant de plein fouet les consommateurs à la recherche de bonnes affaires.

Transparence fiscale : le grand absent du débat

L’initiative avortée d’Amazon soulève une question de fond : pourquoi la transparence sur les taxes indirectes, comme la TVA, est-elle la norme, alors que celle sur les droits de douane reste taboue ? Pour de nombreux économistes, afficher clairement la part des droits de douane dans le prix final aurait permis aux consommateurs de mieux comprendre la mécanique de la hausse des prix et de juger en connaissance de cause des politiques économiques menées.

En refusant cette transparence, sous la pression de la Maison-Blanche, Amazon a préféré préserver son image et éviter une confrontation politique directe. Mais ce choix prive aussi les consommateurs d’une information essentielle à la compréhension des enjeux économiques actuels.

Au-delà du cas Amazon, cette affaire illustre la tension croissante entre commerce international, politique intérieure et attentes des consommateurs. Les droits de douane, utilisés comme arme de négociation, bouleversent les chaînes d’approvisionnement mondiales et pèsent sur le pouvoir d’achat, tout en étant présentés comme des outils de réindustrialisation ou de financement du budget fédéral.

Alessandra d'Angelo