Quand la nature est nommée au conseil d’administration d’une entreprise

Share on Facebook

Ceci n’est pas un fake. Le droit de vote pour les non-humains fait son apparition en entreprise. C’est l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales (IREF) qui pointe l’ineptie. En novembre 2022, l’entreprise écossaise de produits de beauté Faith in Nature nommait la Nature à son conseil d’administration, avec le titre de directeur non-exécutif ! Une association française – Notre affaire à tous – cherche depuis à inciter des entreprises de l’hexagone à en faire de même. Voilà une illustration supplémentaire de ce que l’on appelle l’animisme juridique, soit donner une personnalité juridique et des droits aux fleuves, aux lacs et autres espaces naturels. La nature devient un « acteur décisionnel » de l’entreprise. Les combats environnementaux modulent le droit. Une perte de sens inquiétante, mais une dérive  « logique » des mesures socio-écologistes extrémistes récentes.

En 1871, l’anthropologue Edward Tylor définissait l’animisme comme « la croyance selon laquelle la nature est régie par des esprits analogues à la volonté humaine ». Le vaudou et le shintoïsme, par exemple, sont des formes d’animisme. Mais, une révolution à bas bruit s’est amorcée depuis une dizaine d’années. Le modèle de gouvernance des entreprises se transforme pour intégrer le « vivant » dans leur modèle économique. Le mouvement diffus, mais puissant, s’étend désormais à une vingtaine de pays. De l’Equateur à l’Ouganda, de l’Inde à la Nouvelle-Zélande, par voie constitutionnelle, législative ou jurisprudentielle, des fleuves, des montagnes, des forêts se voient progressivement reconnaître comme des personnes juridiques, quand ce n’est pas la nature dans son ensemble qui est promue sujet de droit. Cette évolution juridique s’est étendue pour la première fois à un pays européen, le 21 septembre 2022, avec le vote par le Sénat espagnol des droits de la Mar Menor, une lagune d’eau salée située sur les bords de la Méditerranée, près de Murcie, en Espagne.

Une manne financière verte

Quel que soit le bout par lequel on aborde la question, force est de constater que la nature ne peut pas vraiment s’assoir à la table d’un conseil d’administration. Elle ne peut donc être que représentée que par un humain. Comment le choisir ? Parmi les associations écologistes ? L’entreprise Faith in Nature a choisi de donner le siège à des juristes, deux avocates représentant l’une, Earth Law Center, l’autre, Lawyers for Nature. Et cela rapporte tant aux avocates qu’aux associations. « L’intérêt qu’a une ONG comme Notre affaire à tous de promouvoir l’entrée de la nature dans les conseils d’administration n’est-il pas avant tout financier ? Quelle aubaine, en effet, de pouvoir siéger comme administrateur chez LVMH et percevoir à ce titre 67 531 € ! Quelle manne si l’association devient le chaman de la nature dans le plus grand nombre de conseils d’administration possible ! », souligne Philippe Carbon sur le site internet de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales (IREF).

Renier la spécificité de l’humain

Cependant, doter la nature de droits identiques à ceux de l’homme, lui donner une voix, revient à nier la spécificité de l’humain. Comme l’a écrit Jean-Philippe Delsol dans son ouvrage Civilisation et libre arbitre, « ce qui a fait la grandeur de l’Occident fut sans doute de croire que l’homme est précisément celui qui a en lui la liberté et le pouvoir de penser et de faire, la volonté qui lui permet d’exécuter, ou non, ses projets, de passer à l’action. N’est-ce pas un trait qui le différencie de l’animal ? ».

« C’est parce qu’il est capable de déterminer ses actes par lui-même que l’homme est responsable. Ce n’est pas le cas de l’animal, ni de la nature. Vouloir humaniser la nature revient à déshumaniser l’homme. Voire à le faire disparaître », ponctue Philippe Carbon. Mais, de la criminalisation de l’écocide aux attaques en justice médiatiques contre les États, les Verts ont entamé une nouvelle croisade : celle de guérilla juridique en entreprise ! D’aucuns suggèrent même, au nom du bien-être animal, de développer une nouvelle forme de syndicalisme, dont l’objectif serait de défendre les travailleurs non-humains (sic !).

Alessandra d'Angelo