C’est un sondage rare, lié à l’âge de ses répondants. Comment faire la différence entre une relation amoureuse et un rapport abusif ? Difficile de trouver ses repères et ses limites lorsqu’une adolescente découvre sa propre sexualité. « Les Petites Glo », en partenariat avec « En avant toute(s) », une association qui agit pour l’égalité hommes-femmes, a réalisé une enquête portant sur un panel de 3127 participantes. De l’idylle romantique à la relation toxique, les #ViolencesSexuelles n’ont pas d’âge. Plus de 9 jeunes filles et femmes sur 10, âgées de 12 à 24 ans, attestent avoir déjà subi des violences sexistes ou sexuelles. Et pourtant, les jeunes restent un public majoritairement hors des radars.
La violence dans les couples de jeunes présente des points communs avec la violence chez les adultes, mais elle se distingue aussi par des spécificités qui lui sont propre. Les adolescents ont une idée plutôt romantique de l’amour et des relations amoureuses. Ils cherchent dans leur relation l’exclusivité. Pour beaucoup, l’attachement excessif et la jalousie sont donc vus comme une preuve d’amour. Il est fréquent que l’un des partenaires exige d’être au courant de tout ce que fait l’autre, qu’il lui dicte ce qu’il faut faire ou pas, lui interdise de fréquenter certaines personnes ou de mettre certains vêtements. Or, la jalousie est fréquemment le signe d’une relation pouvant déraper comme d’un comportement empreint de contrôle et de manipulation. « J’ai vécu un calvaire durant cette relation. Je me suis convaincue que ma parole n'avait pas de valeur, que je n’étais pas légitime », confie Capucine, aujourd’hui instagrameuse. Entre ses 15 et ses 18 ans, ce n’est pas une histoire d’amour qu’a vécue la jeune femme aujourd'hui âgée de 21 ans. Victime de violences psychologiques, physiques et sexuelles, elle a été bousculée, pincée, insultée, forcée à avoir des rapports sexuels, coupée de son entourage par celui qui était à l’époque son « copain ». Capucine a compris que sa réalité était celle de violences conjugales en participant à un groupe de parole avec des femmes plus âgées. « En vivant des violences à l’adolescence, on a l’impression que ce qu’on vit n’est représenté nulle part. On sent que quelque chose ne va pas mais on n’arrive pas à dire quoi », témoigne-t-elle.
Des violences presque automatiques
D’après ce récent sondage, près d’une femme hétérosexuelle interrogée sur deux dit avoir déjà été rabaissé au cours d’une relation, soit par des attitudes soit par des phrases méprisantes. 46% des répondantes affirment également avoir déjà été traitée de « pute », de « conne » ou d'avoir fait l'objet d’une autre insulte lors d’une relation. « Bien souvent banalisés et cachés derrière la légèreté de l'humour, ces abus verbaux posent une relation de dominance disproportionnée pouvant déboucher sur des situations de violences conjugales physiques. La banalité de l’insulte ne réduit en rien sa gravité. Au contraire, c’est même la porte ouverte à des violences plus graves », souligne l'étude.
Des pratiques sexuelles pas totalement consenties
59% des jeunes femmes se sont déjà senties obligées d’avoir des relations sexuelles ou d’effectuer des pratiques sexuelles par peur que son partenaire la quitte ou qu’il ne l’aime plus. « Lors des premières relations, il n'y a aucun repaire, un manque de confiance en soi et un manque d'estime. Le chantage affectif marche dès lors très bien et des jeunes filles cèdent. Ce phénomène d’emprise s’exprime très tôt », précise l’étude
De la violence physique minimisée
Généralement, les ados ne se sentent pas concernés par les violences conjugales car on les résume souvent à des violences physiques ou sur des femmes plus adultes. Leur repérage est donc rendu plus difficile, pour les jeunes victimes comme pour leur entourage. Mais une insulte, c’est déjà de la violence », rappelle l’étude. Ainsi, 62% des jeunes filles ayant subi une forme de violence sexiste ou sexuelle au sein de leur couple déclarent n'en avoir parlé à personne.
Comment bien s’aimer ? Les jeunes en parle très peu entre eux, entre frères et sœurs ou même en couple. Se poser les bonnes questions, les plus belles comme les plus douloureuses, pour que chacun puisse se respecter et respecter l’autre, c’est ce que propose la plateforme Commentonsaime.fr (Link : https://commentonsaime.fr/). Il s’agit du premier tchat de France dédié à l’accompagnement des jeunes femmes et personnes LGBTQIA+ victimes de violences sexistes et sexuelles. Il est également accessible à la discussion au départ de la Belgique.