Sur le climat, comme sur d’autres aspects environnementaux, mieux vaut dire la vérité. Faire peur régulièrement avec de faux arguments pourrait avoir l’effet inverse : personne ne croira plus rien, et beaucoup seront plus réceptifs aux thèses complotistes. La radio publique suédoise, Sveriges Radio, dévoile les désinformations climatiques des Nations Unies. Une enquête choc.
Elle a récemment consacré une émission d’investigation à quatre affirmations trompeuses concernant le dérèglement climatique. Ces déclarations diffusées par les agences des Nations unies en charge du climat - et censées sensibiliser les décideurs politiques et l’opinion publique - se révèlent être des exagérations ou des erreurs flagrantes. Voici un décryptage de quatre désinformations mises en lumière.
1. Le mythe de la montée des eaux à Samoa
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a affirmé que des familles à Samoa avaient abandonné leurs maisons en raison de la montée des eaux et de l’intensification des tempêtes. Cependant, l’enquête menée par le journaliste suédois Ola Sandstig révèle que ces maisons ont été désertées après le tsunami de 2009, un événement lié à un tremblement de terre, et non au changement climatique. De plus, aucune augmentation significative de la fréquence ou de l’intensité des cyclones dans la région n’a été constatée.
2. 1,7 million d’enfants meurent chaque année à cause du changement climatique
Cette statistique alarmante figurait sur le site de l’UNICEF suédois jusqu’à fin 2024. Cependant, elle a été corrigée après l’enquête de Sveriges Radio. Le chiffre erroné concerne en réalité les décès liés à des facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air et l’eau insalubre, et non directement au changement climatique. Cet exemple montre comment une affirmation non vérifiée peut se propager avant d’être rectifiée.
3. Les femmes et enfants sont 14 fois plus susceptibles de mourir lors d’une catastrophe climatique
Cette affirmation largement reprise par plusieurs agences onusiennes depuis des décennies a été tracée jusqu’à une source non scientifique datant de 1997. Cette assertion provient d’un article d’opinion de deux pages rédigées par un pasteur associé à Church World Service, une organisation œcuménique américaine, Natural Hazards Observer. Les journalistes ont réussi à contacter l’auteur qui n’a pu leur fournir aucune source scientifique. L’ONU a donc repris aveuglement cette fake news. Malgré cela, ce « nombre mythique » continue d’être utilisée pour sensibiliser aux impacts sociaux des catastrophes climatiques.
4. La multiplication par cinq des catastrophes climatiques depuis les années 1970
Le rapport « United in Science » du World Meteorological Organization (WMO) affirme que les catastrophes climatiques ont quintuplé au cours des 50 dernières années. En réalité, cette augmentation est due à une amélioration du suivi et du signalement des événements depuis les années 1970, et non à une réelle hausse du nombre de catastrophes. L’analyse approfondie montre que cette interprétation erronée est utilisée pour projeter une augmentation future alarmante.
Cette enquête suédoise soulève des questions cruciales sur l’intégrité scientifique dans la communication autour du dérèglement climatique. Faire peur ne sert à rien, que du contraire. Si les Nations Unies continuent à diffuser des informations erronées ou exagérées, cela pourrait nuire à leur crédibilité ainsi qu’à celle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ces révélations appellent à une plus grande rigueur dans la présentation des données scientifiques afin d’éviter ce que certains qualifient de « corruption par noble cause », soit une forme de corruption où des individus utilisent des moyens illégaux ou contraires à l'éthique pour atteindre ce qu'ils perçoivent comme un « bien supérieur ».