Une grossière erreur stratégique

Share on Facebook

Lors d'une interview récente accordée à Euronews, Yanis Varoufakis, économiste et ancien ministre des Finances grec, a critiqué avec véhémence le plan de réarmement européen, qu'il qualifie de « prochaine grande folie de l’Union Européenne ». Selon lui, ce plan adopté par les États membres de l'UE et qui prévoit un budget de 800 milliards d'euros, affaiblira l'Europe, sous prétexte de la rendre plus forte, plutôt que de la renforcer.

Yanis Varoufakis ne mâche pas ses mots. Il dénonce ce qu'il appelle un « keynésianisme militaire », soit une politique économique qui vise la croissance économique par un accroissement des dépenses militaires. « Au lieu d’investir dans la vie, l’UE investit dans la mort. D’un point de vue macroéconomique et réaliste, ça ne va pas générer la croissance là où c’est nécessaire. Lorsque vous achetez des munitions, lorsque vous achetez des obus et que vous les mettez sur une étagère. Ce n’est pas un investissement productif ». Et de préciser : « L'Europe a déjà explosé. Nous sommes désormais inexistants pour le reste du monde. Nous ne sommes plus qu'une note en bas de page dans le livre mondial ».

Une alternative pacifique nécessaire

Yanis Varoufakis plaide pour une approche centrée sur la diplomatie afin de répondre aux défis géopolitiques actuels. Pour lui, afin de gagner en légitimité, la véritable force européenne réside dans une « union politique démocratique », plutôt que dans une armée commune. Opposé au plan proposé par Donald Trump pour résoudre le conflit entre Moscou et Kyiv, Varoufakis appelle l'Europe à proposer son propre plan de paix. Ce dernier devrait garantir la souveraineté de l'Ukraine tout en maintenant ce pays en dehors des deux blocs, le bloc russe et le bloc de OTAN.

Interrogé sur la question de savoir si le pacifisme ne reviendrait pas à donner carte blanche à Vladimir Poutine pour poursuivre ses ambitions impérialistes et envahir d'autres pays, il répond que « le pacifisme n’est jamais une bonne réponse à une invasion, mais qu’opter pour une guerre sans fin n’est pas rationnel non plus pour l’Europe ».

Alessandra d'Angelo