L’engouement pour Trump s’érode-t-il ?

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La droite européenne s'est réjouie du retour au pouvoir de Donald Trump et de son impact sur les politiques mondiales. Pourtant, cet engouement semble vaciller alors que les décisions de l’administration Trump, notamment en matière de politique étrangère et économique, provoquent des tensions au sein des forces conservatrices de l’UE. Entre admiration pour son style politique et désillusion face à ses priorités, les fractures se multiplient.

Trumpmania, mais encore…

Lors du sommet « Make Europe Great Again », organisé par le parti espagnol Vox à Madrid en février 2025, les leaders de la droite européenne, tels que Marine Le Pen, Matteo Salvini et Viktor Orbán, ont salué la victoire de Trump comme un « tournant historique ». Marine Le Pen a même décrit cette élection comme une « invitation à suivre un mouvement de renaissance » dans le monde occidental. Quant à Matteo Salvini, il a salué l’opportunité offerte par ce contexte pour renforcer le rôle des Etats membres face à une Union européenne qu’il juge affaiblie.

Cependant, certains leaders ont rapidement exprimé des réserves. Jordan Bardella, président du RN, reste prudent. Il insiste sur la nécessité de maintenir une distance raisonnable avec Washington. La première ministre italienne Giorgia Meloni, leader des Frères d’Italie, n’a pas participé au sommet. Bien qu’elle ait été présente à l’investiture de Trump, son absence lors de cette rencontre souligne aussi une certaine prudence dans son alignement avec le président américain.

Des tensions croissantes sur l’Ukraine

La politique étrangère de Trump, notamment sa décision récente de suspendre l’aide militaire américaine à l’Ukraine, a provoqué des réactions mitigées au sein de la droite européenne. Marine Le Pen a dénoncé la « brutalité » de cette décision, bien qu’elle ait évité de critiquer directement Trump. Elle a également regretté l’absence d’un délai raisonnable pour permettre à l’Ukraine de s’adapter.

Si Viktor Orbán a soutenu Trump en louant son approche pour inclure la Russie dans les négociations internationales, des leaders comme Geert Wilders aux Pays-Bas et Giorgia Meloni en Italie ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine et appelé à préserver l’unité occidentale.

Vers une désillusion ?

Au-delà du dossier ukrainien, d’autres décisions américaines alimentent un sentiment d’abandon parmi les conservateurs européens. L’administration Trump a intensifié ses critiques envers l’UE. La stratégie américaine semble privilégier une approche bilatérale avec des nations européennes plutôt qu’un dialogue avec Bruxelles. Cette posture divise les forces de droite : les souverainistes y voient une opportunité pour affaiblir l’UE, tandis que les fédéralistes craignent une marginalisation accrue du continent sur la scène mondiale.

Alors que Donald Trump continue d’imposer sa vision controversée des relations transatlantiques, plusieurs leaders européens à droite de l’échiquier semblent réévaluer leur alignement avec lui. Si certains comme Orbán restent fidèles à son approche, d’autres adoptent un ton plus critique ou cherchent à s’en distancier prudemment. Marine Le Pen a résumé ce dilemme lors d’un récent discours qui reflète un malaise croissant : « L’admiration pour le patriotisme américain ne doit pas nous transformer en vassaux ».

Les mois à venir seront cruciaux pour observer si le soutien inconditionnel initial à Trump résiste aux divergences croissantes.

Alessandra d'Angelo