Quand l’UE compte ses balles

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En réponse aux tensions géopolitiques accrues, notamment la guerre en Ukraine, la Commission européenne a présenté un plan visant à mobiliser 800 milliards d'euros pour renforcer la défense des États membres sur une période de cinq ans ou plus. Ce n’est donc pas pour tout de suite ! Or, dans son allocution de ce mercredi 5 mars, Emmanuel Macron parle de guerre. « Nous en avons les moyens ! ». C'est à mi-chemin entre le pathétique et l'effrayant.

Le réarmement : un calendrier incompressible

La Pologne consacre une part record de son PIB à la défense, atteignant 4,7% en 2025, ce qui en fait le pays de l'OTAN avec la plus grande proportion de dépenses militaires par rapport au PIB. Malgré ces investissements massifs, des préoccupations subsistent sur la capacité réelle de l'armée polonaise. Selon le média européen Brussels Signal, Sławomir Mentzen, candidat du parti Confédération à la présidence polonaise, affirme que « la Pologne ne dispose que de munitions pour trois jours de combat ». Cette déclaration est soutenue par plusieurs spécialisés dans les questions de défense.

Cela démontre bien à quel point les chiffres gonflants quant aux dépenses militaires sont relatifs qu’ils proviennent de Pologne (4,7%), de l’Estonie (3,4%) de la Grèce (3%) ou d'ailleurs. En réalité, ces pays accumulent actuellement des milliards de dettes pour financer des armes et des équipements qui ne seront pas disponibles avant plusieurs années.

La perception de la « menace russe »

Revenons à Macron. « Il faut être légitimement inquiet » ! Si nous croyons l’avertissement du président de la République française selon lesquels Poutine est un danger pour toute l'Europe, le danger est imminent, c’est maintenant ! « Face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie ».

Or, toujours selon des spécialistes de la défense, les soldats qui se trouvent aujourd'hui en Pologne n'auraient plus de « balles aux fusils » en 72 heures. Et il ne faudrait pas plus de 72 heures aux Russes pour traverser la Biélorussie et atteindre la frontière polonaise. Si tel est le cas, Macron pense-t-il vraiment que Poutine accordera à l’UE de nombreuses années de congé pour rassembler les armes nécessaires à la mise en place d'une véritable armée ?

Une équation simple

Soit Poutine est une menace réelle aujourd'hui et les pays membres de l'UE sont incapables de protéger leurs propres ressortissants quelle que soit la dette qu'ils envisagent de contracter. En ce cas, il serait bon de jouer la carte de la tempérance diplomatique le temps d’un réarmement, alors que nous n’avons pas les moyens de fanfaronner dans un affrontement direct, même si par allocutions interposées. Soit Poutine n'est pas une menace. Dans ce cas, les pays européens pourraient faire autre chose avec ces milliards, comme rattraper notre retard industriel et assurer notre indépendance en matières premières essentielles comme en métaux critiques ! Rappelons que la zone euro affiche une croissance peau de chagrin (1,5 % prévue en 2025).

Pendant ce temps,  Vladimir Poutine réagit de manière ferme et menaçante : « si certains pays, dont la France, n’ont pas de ligne rouge concernant la Russie, alors la Russie n'en aura pas non plus les concernant ». Il a également brandi la menace nucléaire, rappelant que les 5000 missiles russes sont prêts à être utilisés si nécessaire. Il a souligné que la Russie était prête militairement et techniquement à répondre à toute escalade (sic !).

Y-a-t-il quelqu’un dans la salle pour donner quelques cours de stratégie militaire à Macron ? Cela nous éviterait qu’il fasse le va t’en guerre !

Alessandra d'Angelo