Trump est-il fasciste? Le débat s'est intensifié ces derniers mois, et plus encore depuis son investiture, soulevant des questions cruciales sur l'avenir des démocraties occidentales. Si les excès du trumpisme inquiètent, ses conséquences devraient paradoxalement servir de mise en garde pour l'Europe face au recul de certaines de ses valeurs les plus fondamentales.
Le spectre du fascisme
Le conservatisme poussé à l’extrême de Trump fait l'objet d'intenses discussions. Certains politologues n'hésitent plus à parler de fascisme, citant des critères tels que l'exacerbation du sentiment patriotique, la volonté de démanteler certaines institutions fédérales - comme celle de limiter le pouvoir des tribunaux - le culte du leader capable de « rendre à l’Amérique sa grandeur » et une rhétorique teintée de nationalisme ethnoracial. La stratégie de fond ouvertement assumée est de lancer le discrédit sur le « système ». L'utilisation de la provocation fait aussi partie de son style polarisant, divisant la société entre les « bons » et les « méchants », ces dangereux à la survie de la nation.
Il est toutefois important de noter que le fascisme historique impliquerait également une prise de contrôle totale de l'État et de l'économie, ainsi qu'une militarisation de la société, des aspects qui ne sont pas (encore) présents dans le cas de Trump.
Une vigilance démocratique
Néanmoins, le trumpisme pourrait être levier. L’expérience américaine devrait inciter les dirigeants de l’UE à mieux répondre aux mécontentements pluriels des citoyens européens. Car il n’en demeure pas moins que certaines préoccupations soulevées par Donald Trump sont légitimes : compression de la liberté d’expression, censure médiatique, insécurité, violences urbaines, économie en berne et surrèglementation sur fond d’Etats membres en déroute, tandis qu’une gauche mortifère déresponsabilise en permanence la société dans son ensemble. Avec pertinence, il conviendrait de s’en inquiéter ! Comme il conviendrait de reconnaître que la question de l’immigration massive et non contrôlée est un désormais problème majeure.
Resserrer les rangs occidentaux
Trump, l’imprévisible, nous donne en ce sens un avertissement. L’Europe devrait s’inspirer, si ce n’est pas de sa méthode, à tout le moins de ses positions. Certains pays, encore trop rares, l’on déjà compris. Et la recette fait ses preuves, notamment en Italie. Malgré le fait qu’elle ait été fortement décriée, après plus de deux ans à la tête du gouvernement italien, Giorgia Meloni présente un bilan globalement positif sur plusieurs aspects. Elle jouit désormais d'une solide popularité auprès de l'opinion publique italienne pour sa fermeté en matière d’immigration et de sécurité, comme en termes de relance économique. A quand un éveil collectif des 27 afin de renforcer le marché intérieur européen et d’assoir une nouvelle crédibilité de l’Europe sur la scène internationale dans un ordre mondial en pleine mutation ? Quand la diplomatie et le soft power ne suffisent plus, la fermeté devrait être de mise pour préserver notre autonomie stratégique. La leçon que nous donne Trump est sans aucun doute celle-là, avant toute autre.