Les fusillades à répétition dans la capitale bruxelloise alarment sur une nouvelle tendance se dessine au sein des milieux criminels : la « jambisation », une pratique barbare importée d’Italie. Cette pratique, qui consiste à tirer délibérément dans les jambes des victimes, s'impose comme un mode opératoire de plus en plus fréquent dans les règlements de comptes liés au trafic de drogue. Loin d'être un acte de clémence, cette méthode s'inscrit dans une stratégie d'intimidation et de contrôle territorial entre bandes rivales.
L'anatomie d'une violence calculée
La jambisation n'est pas un acte de violence aveugle, mais une stratégie mûrement réfléchie. Les agresseurs visent spécifiquement les membres inférieurs de leurs victimes, infligeant des blessures qui, si elles ne sont pas mortelles, laissent des séquelles visibles et permanentes. Si un fémur éclaté se guérit, les victimes boiteront toute leur vie. Cette méthode permet aux criminels d'envoyer un message clair aux rivaux ou aux membres du réseau soupçonnés de déloyauté.
Une importation mafieuse
Dans l’écosystème des violences urbaines, cette pratique remonte aux « gambizzazioni » italiennes, une technique prisée par la mafia et les Brigades rouges au cours de la période comprise entre les années 1970 et 1980 et bien connue sous le nom d' « années de plomb ». Contrairement à un homicide, qui s’oublie après quelques semaines, la jambisation laisse une marque visible et permanente. « Un mec qui disparaît, au bout de 15 jours, on l'oublie. Alors que celui qui se trimballe dans la cité avec des béquilles ou en fauteuil roulant, c'est autre chose », explique cet officier de police judiciaire. Cette visibilité constante sert d'avertissement permanent pour le reste de la communauté.
La difficulté majeure pour les forces de l’ordre, c’est l’omerta urbaine. Les victimes se taisent par peur des représailles.