Pour le second numéro d’Horizon Foot, nous sommes partis à la rencontre de Stephan Streker. Avec sa casquette de réalisateur, nous avons exploré les liens qui peuvent unir le football et le cinéma.
Sport le plus populaire de la planète, le football est pourtant peu présent au cinéma. Depuis les débuts du septième art et la quantité impressionnante de films qui ont été réalisés, le nombre de longs métrages consacrés au football n’en représente qu’une part minuscule. Et même si certains ont marqué les esprits comme « Didier », « Trois Zéros », « À nous la victoire » ou encore « Looking for Eric », cela reste assez maigre.
Un paradoxe étonnant que Stephan Streker, réalisateur, explique : « Je pense que la dramaturgie d’un match de foot est insurpassable, car tout est toujours possible et surtout le plus invraisemblable », note-t-il. « Quand on écrit un scénario, obligatoirement, ça doit être vraisemblable, sinon le spectateur va considérer que ça ne fonctionne pas. » Or, selon lui, « les plus beaux scénarios de matchs de foot sont invraisemblables, et on ne peut pas surpasser ça. »
Le réalisateur de « Noces », « L’ennemi », « Demain nous appartient » et « Michael Blanco » juge que si le jeu est difficile à filmer, les à-côtés peuvent l’être. « Ce qu’on peut faire, ce sont les coulisses, c’est intéressant, mais je constate qu’il n’y a pas beaucoup d’exemples. Le meilleur exemple de film sur un sport collectif, c’est celui d’Oliver Stone, « L’enfer du dimanche », qui est un très grand film, mais qui fondamentalement parle de tout le phénomène autour du foot américain. Et il n’y a pas d’équivalent avec notre foot à nous. »
Je pense que la dramaturgie d’un match de foot est insurpassable – Stephan Streker
Deux sports collectifs
Le lien entre les deux mondes existe tout de même, et des rapprochements et comparaisons peuvent être faits. Ainsi, pour Stephan Streker, « dans les deux cas, c’est un sport collectif, mais aussi un art ». L’homme de cinéma développe son idée : « Ce que je préfère dans le cinéma, c’est que j’ai la chance d’écrire et réaliser mes films, mais je serais incapable de le faire tout seul. J’adore qu’il y ait une entreprise collective autour d’une idée qui a germé chez moi. Et dans le foot, c’est par définition. Si le collectif l’emporte, on est bon. Et c’est le travail du coach. »
Un point de vue qu’il peut confirmer tous les jours depuis qu’il travaille au RWDM en tant que directeur de la communication. « L’un des plus grands bonheurs que j’ai ici, alors que je ne m’occupe jamais de sportif – c’est la règle que je me suis imposée –, c’est que Yannick Ferrera est très généreux dans son approche et je suis témoin de choses. L’être de manière aussi proche du travail qui est le sien, où il est obsédé par le collectif, c’est très enrichissant. »
Clins d’œil
Même s’il estime qu’il est difficile de rendre au cinéma l’intensité que peut avoir un match de football dans la réalité, cela n’empêche pas la réalisateur de faire intervenir le sport dans son cinéma via des clins d’œil bien sentis. « Je le fais tout le temps », sourit-il. « Dans « Le monde nous appartient », le film commence avec un gamin qui met un coup de couteau à un autre et on met tout le temps du film pour comprendre qui est qui et pourquoi c’est arrivé. La victime est un jeune footballeur, et je trouvais cela touchant que quelqu’un qui est au début d’une belle carrière vive ce drame. Et cela m’a permis de faire venir deux légendes du club pour une petite scène : Jacques Teugels et Maurice Martens. Ils m’ont fait l’honneur et le plaisir d’être dans le film. Dans le nom des personnages aussi, j’en glisse. Mais je ne veux pas que ce soit trop visible, sinon les gens sortent du film. Je ne vais appeler un personnage Vincent Kompany. Mais je fais de petites allusions. »
Découvrez l’interview complète de Stephan Streker dans Horizon Foot.