Quand l’UE chouchoute des médias

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Une vaste enquête produite par le journal italien « Il Fatto Quotidiano » révèle que 132,83 millions d’euros auraient été discrètement versés par la Commission européenne et le Parlement européen pour influencer les élections européennes de juin dernier. Cette distribution s’est faite sans transparence quant aux bénéficiaires de ces millions ou à l’objectif de ces fonds. Les paiements ont été effectués via une grande agence de publicité française.

L’enquête italienne révèle aussi que des articles clés en main ont été proposés et que des médias ont conclu avec la Commission des « partenariats » pour « des articles rémunérés liés aux élections européennes » ! Selon le quotidien, les noms et les chiffres demeurent inconnus du grand public, la Commission justifiant cette confidentialité par la protection des « intérêts commerciaux des opérateurs économiques ».

Opacité du processus

Cette somme a été distribuée par l’intermédiaire de l’agence Havas Media France, filiale du groupe Vivendi, via un contrat-cadre signé le 5 septembre 2023 sous la référence Comm/Dg/Fmw/2023/30. Ce contrat-cadre avec Havas permet d’échapper aux obligations de transparence habituelles, comme les montants et le nom des journaux bénéficiaires, ainsi que l’enregistrement des paiements supérieurs à 14.000 euros dans la base de données TED (ted.europa.eu). « Seul ce contrat a fait l’objet d’un appel d’offres », précise Il Fatto, tandis que la répartition des fonds entre les médias reste confidentielle.

Le journal allemand Berliner Zeitung a demandé à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, de fournir la liste des médias ayant bénéficié de ces millions. La démarche est restée sans réponse à ce stade.

Cette révélation soulève de nouvelles préoccupations concernant l'usage de l'argent public et le manque de clarté dans la gestion des fonds européens. Les règles en vigueur stipulent que les subventions européennes ne peuvent pas être utilisées pour financer directement ou indirectement des partis politiques nationaux ou des campagnes électorales nationales, ce qui ajoute à la controverse sur la légalité et l'éthique de ces dépenses.

Alessandra d'Angelo