Etes-vous assez « honnête » pour vivre en Suède ?

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Virage à droite pour la Suède, traditionnellement connue pour sa politique d’immigration libérale. Pour lutter contre l’extrémisme violent, Stockholm multiplie les obstacles à l’obtention de la nationalité suédoise. L'accent mis sur une « vie honnête » est destiné à filtrer non seulement les criminels, mais aussi les « délinquants administratifs » et les personnes « endettées ». Les candidats à la citoyenneté doivent faire preuve d’une « vie honorable et ordonnée ».

Montrer patte blanche

Lors d’une conférence de presse le 14 janvier à Stockholm, le ministre suédois de la Politique de migration et d’asile, Johan Forssell, et l’enquêtrice spéciale Kirsi Laakso Utvik ont présenté leur proposition visant à renforcer les conditions d’obtention de la citoyenneté suédoise. « La citoyenneté doit signifier quelque chose. Elle doit se mériter », ont-ils déclarer.

Les résidents étrangers devront répondre à des exigences plus strictes en matière de durée de résidence, d'intégrité, de ressources financières et de maîtrise de la culture locale. L'une des principales modifications concerne la durée de résidence requise pour demander la citoyenneté. Actuellement fixée à cinq ans, cette période sera étendue à huit ans. Cette augmentation vise à garantir que les demandeurs ont une expérience de vie prolongée en Suède, leur permettant ainsi de mieux s'intégrer à la société suédoise. La nouvelle procédure envisage aussi de faire passer un test de connaissances de la société et des valeurs suédoises.

Une autosuffisance économique

La proposition impose aussi une exigence d’autosuffisance, selon laquelle les demandeurs doivent prouver leur indépendance financière, comme c’est le cas au Danemark et en Norvège, et comme c’était déjà le cas en Suède jusqu’en 1976. Les demandeurs devront prouver qu'ils peuvent subvenir à leurs besoins sans dépendre des aides sociales. Concrètement, ils ne doivent pas avoir bénéficié de prestations sociales pendant plus de six mois au cours des trois années précédant leur demande. Cette mesure vise à garantir que les nouveaux citoyens sont capables de contribuer positivement à l'économie du pays.

La question des binationaux

Par ailleurs, la proposition entend également déchoir de leur nationalité suédoise les personnes ayant la double nationalité et étant impliquées dans des crimes. Cela pourrait aussi s’appliquer aux personnes ayant la double nationalité qui ont fourni de fausses informations au cours de la procédure de naturalisation, qui ont versé des pots-de-vin ou menacé pour obtenir la citoyenneté, ou qui ont commis des crimes menaçant gravement la sécurité de la Suède.

 

En effet, la Suède a connu une augmentation significative de la violence liée aux gangs ces dernières années, avec un pic de 62 fusillades mortelles en 2022, soit le nombre le plus élevé par habitant en Europe. De plus, en 2024, quelque 62.000 personnes ont été identifiées comme opérant au sein de réseaux criminels ou étant liées à ceux-ci dans tout le pays, et on estime que 600 autres travaillent depuis l’étranger, la plupart d’entre elles possédant la double nationalité.

Demandes d’asile au plus bas

Cette réforme s'inscrit dans un contexte politique où la question de l'immigration est devenue un sujet majeur en Suède. En 2024, le nombre de migrants ayant obtenu l’asile dans le pays a atteint le niveau le plus bas depuis 40 ans. Seuls 6.250 permis de séjour pour l'asile ont été accordés dans le pays scandinave. Preuve de ce changement de considération vis-à-vis des réfugiés, la Suède a été l'un des premiers pays a annoncé la suspension des demandes d'asile pour les Syriens après la chute de Bachar al-Assad.

Alessandra d'Angelo