Le président argentin jugule l’inflation et veut la rendre illégale. Cette mesure s'inscrit dans sa lutte acharnée contre le financement des déficits par l'impression monétaire, qui est l'un des principaux axes de sa politique depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2023 afin de rétablir une économie prospère dans son pays. Et il a déjà obtenu des résultats significatifs.
L'inflation mensuelle est passée de 25,5% en décembre 2023 à 2,7% en décembre 2024. Sur l’année 2024, l'inflation cumulée atteint 118%, ce qui reste élevé, mais marque une nette amélioration. Si le taux de 2,7% venait à être reconduit sur 12 mois, l’inflation résultante serait de 37%, chiffre non atteint depuis août 2018. (chiffres officiels Direction générale du Trésor - INDEC). Ces résultats ont été obtenus grâce à une politique monétaire restrictive et des coupes drastiques dans les dépenses publiques.
Une forme d’impôt caché
Si pour la gauche mondiale, cette approche est perçue comme négative, avec notamment une récession de 3,5% et une augmentation de la pauvreté qui touche 53% de la population, la monétisation des déficits, en dépréciant la monnaie, prélève un impôt caché sur l’ensemble de la population, essentiellement les plus modestes.
L'inflation érode la valeur de l'argent, réduisant ainsi le pouvoir d'achat des citoyens sans qu'ils ne s'en rendent immédiatement compte. Cette perte de valeur est particulièrement préjudiciable pour les plus pauvres. Il en est de même pour l'épargne dont la valeur réelle diminue, ce qui équivaut à une taxe sur le patrimoine. Enfin, une hausse des prix des biens à la consommation entraîne mécaniquement un relèvement des recettes de TVA. Et une hausse des salaires élève mécaniquement les cotisations sociales versées.
Interdire les déficits publics excessifs
Milei voudrait rendre la victoire contre l’inflation définitive. Il envisage de criminaliser, de façon imprescriptible, l’usage de la création monétaire pour compenser les déficits budgétaires. Dès février 2024, il annonçait vouloir présenter une loi en ce sens au Parlement. Faute de majorité, il n’a pas pu le faire, mais gageons que si les législatives de 2025 lui sont favorables - Le parti La Libertad Avanza caracole actuellement en tête des sondages avec 29,5% - il remettra la proposition sur la table.
L'Union européenne et ses États membres devraient en prendre de la graine et envisager, à l'identique, de renforcer les règles concernant les déficits excessifs et la responsabilité des dirigeants qui ne les respectent pas.