Des cimetières de voitures électriques neuves !

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L'Europe embrasse l'électrique, pendant que la Chine embrasse... l'abandon ! Alors que le pays règne en maître sur le marché mondial des véhicules électriques, des cimetières géants émergent à ciel ouvert, révélant le revers du succès fulgurant de l'industrie automobile chinoise. Comment en est-on arrivé là ? Plongée dans les coulisses d'une politique industrielle aux conséquences inattendues.

Les images capturées par des drones sont dignes d’un mauvais film de série B : des centaines de véhicules prennent la poussière et se recouvrent partiellement d’herbe. À l'intérieur, elles sont comme neuves, avec les housses de protection en plastique encore intactes sur les sièges. Et les kilométrages affichés aux compteurs sont parfois ridicules : moins de 50 km au compteur ! Ces voitures, dont certaines sont des modèles populaires comme la Geely Kandi K10 EV, la Neta V et la BYD e3, sont oubliées dans l'un des districts de Hangzhou, la capitale de la province du Zhejiang.

Mais pourquoi ces voitures sont-elles là ?

Six voitures sur 10 sont assemblées dans le pays. Des centaines d'entreprises font pourtant faillite. Leurs modèles bas de gamme, incarnés par des batteries à faible autonomie, ne correspondent pas aux attentes des consommateurs. Des milliers de véhicules neufs s'entassent donc, abandonnés dans des champs, écartés par des constructeurs gavés de subventions. Un spectacle qui nous rappelle les effets délétères brutaux que peuvent avoir les primes et autres subsides environnementaux dispersés au vent, quand une vision sur le long terme ne suit pas. Certains constructeurs chinois immatriculent les voitures et prétendent les avoir vendues pour gonfler leurs chiffres de vente et obtenir des subventions du gouvernement !

Un bilan écologique désastreux

Ces voitures oubliées sont des témoins silencieux de l'ambition démesurée de l'industrie automobile électrique. Elles sont là, comme des monuments à la gloire de l’absurdité de la production de masse lorsque la demande n'est pas au rendez-vous. La production d'une voiture électrique génère une quantité significative d'émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions sont censées être compensées par une utilisation ultérieure du véhicule qui est pauvre en émissions. Mais lorsque ces voitures ne roulent pas, le bilan écologique devient absolument désastreux. Et pendant ce temps, les ressources sont gaspillées. L’enfer est, dit-on, pavé de bonnes intentions.

Alessandra d'Angelo