Traditionnellement, la période des fêtes de fin d’année est propice à la trêve. Malheureusement, il n’y aura pas de cessation des hostilités. A Magdeburg, en Allemagne, comme ailleurs, Noël se « fête » dans la peur. Les familles n’osent plus se promener, les professeurs n’osent plus enseigner, les dessinateurs hésitent à croquer, les auteurs évitent de s’indigner. Notice rouge : toute opposition d’idées doit être censurée en ligne. L’Europe vit sous respirateur artificiel, « baxtérisée » au wokisme. Mais, les internautes résistent. Ils ont même leur premier porte-parole à l’UE.
Fidias Panayiotou, l'eurodéputé youtubeur
A chaque mandature, le Parlement européen voit arriver son lot d’élus hauts en couleurs, provocateurs ou volontairement hors cadre. Si Fidias Panayiotou fait définitivement partie de ceux-là, il inaugure aussi une nouvelle catégorie, encore jamais représentée dans l’hémicycle de Strasbourg. Connu pour ses vidéos virales sur YouTube, Instagram et TikTok, le jeune homme de 24 ans à peine devient le premier eurodéputé youtubeur. Le chypriote, qui cumule plus de 2,6 millions d’abonnés, entend utiliser son siège pour porter les opinions de ses followers, conformément à sa vision de la démocratie participative. Une évolution « new wave » induite par les réseaux sociaux.
Pour une démocratie plus directe
Utilisant une rhétorique apolitique, sa victoire était pour le moins inattendue. Sans programme détaillé, sans expérience ni affiliation à un parti, il avait lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour motiver les jeunes à s’impliquer dans la vie politique. Résultat : il a recueilli 19,4% des voix (78.000 votes) lors des élections européennes de 2024 à Chypre, se classant derrière les deux plus grands partis chypriotes (le parti conservateur DISY a obtenu 24,8%, suivi du parti communiste AKEL avec 21,5%). Dans l’île-nation, le taux de participation lors des élections européennes de 2019 s’élevait à 45%. Cette fois-ci, il s’est établi à 58,86 %. Panayiotou a obtenu 40% des voix des 18-24 ans et 28% des voix des 25-34 ans. Un record que les observateurs attribuent à l’effet Fidias. « Nous sommes en train d'écrire l'histoire, pas seulement à Chypre, mais dans le monde entier. Nous avons donné un aperçu, avec ma candidature, d'une démocratie plus directe. Mes vidéos ont des milliers de commentaires et des millions de vues. Je sais ce que pensent les gens et je peux transférer la volonté du peuple au Parlement. Les partis traditionnels devraient le prendre comme un avertissement qu'ils doivent se moderniser et écouter le peuple », a-t-il déclaré.
Pour une liberté d’expression absolue
Premier coup de semonce. Le 17 décembre dernier, en séance plénière au Parlement, Fidias a accusé l'Europe d’étouffer la production de contenus en ligne, afin de faire taire les voix dissonantes sous le fallacieux prétexte de la désinformation. Depuis 2019, l’UE utilise différents outils pour modérer et surveiller les commentaires en ligne. « Tout au long de l'histoire de la démocratie représentative, les personnes qui se présentaient aux élections étaient généralement celles qui avaient accès aux médias traditionnels de leur époque. Aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire, tout le monde a le pouvoir de s’exprimer, de convaincre de ses idées et peut devenir un homme politique en utilisant uniquement son téléphone. Il faut en tenir compte ». Fidias entend ainsi « ouvrir la boîte noire des institutions européennes » pour les rapprocher des citoyens lambda dont il a promis de suivre l’avis. Sa méthode s’est d’ailleurs déjà appliquée à une décision très importante : la présidence de la Commission européenne. Sur la base d’un sondage (300.000 répondants) qu’il a lancé sur ses réseaux, 75% d’entre eux lui ont conseillé de voter contre Ursula von der Leyen, ce qu’il a fait, conformément à sa vision de la démocratie.
Et l’eurodéputé peut compter sur le soutien d’Elon Musk, qui l’aurait même préféré, dans un tweet récent, à von der Leyen à la tête de la Commission européenne ! Pour rappel, depuis que Musk a racheté Twitter en 2022 (rebaptisé X), il s’évertue à faire en sorte que la plateforme soit LE « bastion de la liberté d'expression ». Ce faisant, il a rétabli les comptes précédemment suspendus de journalistes et de politiques conservateurs, dont celui de Donald Trump. « Notre mission chez X est de promouvoir et de protéger la conversation publique. Nous pensons que les utilisateurs de X ont le droit d'exprimer leurs opinions et leurs idées sans craindre la censure », peut-on lire dans les directives de transparence de X 2024.
Des censeurs inutilement déconnectés
Politiques, « faiseurs d’opinions », ils sont pourtant nombreux à vouloir quitter la plateforme navire de la liberté d’expression (de gauche comme de droite) depuis la récente victoire de Donald Trump aux élections américaines. Même la Fédération européenne des journalistes (FEJ), la plus grande organisation de journalistes au monde (représentant plus de 295.000 professionnels en Europe), annonce qu’elle va cesser de publier du contenu sur le réseau social à partir du 20 janvier 2025, date de l’investiture de Trump. Une ineptie sans nom dans le chef de la presse !
À chaque fois, pourtant, ces mouvements de foule sont de courte durée car nourris par des alternatives - points de chute d’une pensée unique resserrée - qui n’ont jamais fonctionné, que ce soit le réseau social Mastodon (15 millions d’utilisateurs) ou BlueSky (21 millions d’utilisateurs). Si ces censeurs mécontents gauchistes ont fait le choix de porter leur discours uniquement dans un cercle restreint de personnes d’accord avec leurs postulats, au niveau mondial, la sentence est irrévocable : X compte 619 millions d'utilisateurs actifs en 2024. Après avoir traversé le pont, il semble apparemment plus que difficile de le détruire. Alors, vivement cette étiquette bas du front prétendument de l’extrême qui colle à la plateforme, où il n’existe pourtant ni le camp du bien, ni celui du mal, mais un véritable espace de délibération « open sources » qui redéfinit le rôle contemporain du citoyen dans le processus démocratique. Et c’est plutôt bon signe pour 2025 !
Happy New Wave !