Ah, le lithium ! Cet élément chimique qui a révolutionné notre monde moderne, alimentant les outils informatiques, la domotique familiale et bientôt, tous nos futurs véhicules. Telle la peste bubonique, il s’invite désormais partout. Transition énergétique oblige ! Et pourtant les batteries au lithium ne sont pas sans risques. Les avions étant encore animés par de bons vieux réacteurs, pensez-vous être davantage en sécurité dans les airs ? Détrompez-vous : Alerte à bord ! Avec l’avènement des cigarettes électroniques, des smartphones et autres objets connectés, les combustions spontanées de batteries électriques se multiplient à bord des avions de ligne. Aux États-Unis, on compte désormais plus d’un incident par semaine. Explications.
De nombreux incidents récents démontrent l’instabilité des batteries au lithium dans les airs. Leur transport ne supporte pas les variations de température et les chocs lors de turbulences. La pressurisation augmente aussi les risques d’incendie.
L'incident d'EasyJet : une… cigarette électronique en cause !
Le 18 mai 2023, les 185 passagers du vol EZS1517 Genève-Amsterdam ont vécu un véritable cauchemar. Quelques minutes après le décollage, un dégagement de fumée s'est produit en cabine, provenant d'un compartiment à bagages à main où un feu s'était déclaré. La cause? Une cigarette électronique. Plusieurs passagers ont été blessés, et l'incident a laissé des traces indélébiles. Quelques mois plus tôt, le 7 février, un autre incident a eu lieu à bord d'un Boeing 737 de la compagnie United Airlines. Dix minutes après le décollage, la batterie portable d'un passager a pris feu. L'avion, en route pour le New Jersey, a dû faire demi-tour. Le personnel a réussi à contenir le feu en plaçant la batterie dans un sac anti-feu, évitant ainsi de peu le drame. Quatre personnes ont été hospitalisées pour inhalation de fumée.
Et la maîtrise du risque ?
Qu’elles soient Lith-met ou Lith-ion, les batteries au lithium peuvent être endommagées pendant leur transport. Puisqu’elles sont considérées comme des accumulateurs qui emmagasinent une certaine quantité d’énergie jumelée à un élément inflammable, elles sont classées comme matières dangereuses lors du transport en avion et comportent leur lot respectif de restrictions.
Les batteries Lith-met sont beaucoup plus réactives que les Lith-ions, elles sont donc un plus grand danger pour les compagnies aériennes de transport. C'est pour cette raison qu'elles sont quasiment interdites de vols par la plupart des lignes aériennes et que certaines leur interdisent même le vol par cargo. En ce qui concerne les batteries lithium-ion, elles ne doivent pas être placés dans les bagages enregistrés en soute, mais doivent voyager en cabine avec un niveau de charge réduit (NDLR : on ignore comment ce critère est contrôlé), ce qui permet au personnel d’intervenir rapidement. Ce n’est donc pas le risque qui est diminué, mais, à défaut, la rapidité d’intervention qui est augmentée. Un peu comme un meurtrier aguerri que l’on préfère transporter à côté de soi, pistolet sur la tempe, plutôt que ligoté dans le coffre (sic !).
Une bombe à retardement aussi pour l’environnement
Le risque ne doit pas nous faire oublier que le lithium a aussi impact significatif sur l'environnement. Son extraction, en particulier dans les salars (lacs salés asséchés que l’on trouve principalement en Amérique du Sud), endommage les écosystèmes, affectant la faune et la flore, et impacte la population locale, soit de graves problèmes de santé, outre les risques liés aux explosions et à l’effondrement des mines. L’extraction a aussi besoin d’énergie et d’eau ! Beaucoup d’eau. Enormément d’eau. Au point que les velléités de la France d’en extraire de son propre sol pose franchement question en ces temps de sécheresse.
Sans oublier la question du recyclage de toutes ces batteries ? Si, avec un optimisme débordant, on peut espérer que certains pays industrialisés mettront en place des filières de recyclage plus ou moins efficaces, il est évident que dans les autres pays du globe, on se posera moins de questions !
En résumé, c’est un comble : présenté comme l’élément capable de nous aider à limiter les effets du changement climatique, le lithium impose d’abord d’en renforcer les symptômes… Cherchez la logique !
Depuis la Grèce Antique et le mythe de Prométhée, quatre éléments sont sacrés et réputés façonner le monde et les humains. Et le lithium y fout une sacrée pagaille, en mettant le feu sur terre et dans les airs, et en réduisant les réserves d’eau, le tout, alors qu’il devrait au contraire nous préserver de l’Apocalypse annoncée… Encore une fois, merci les Verts.