Le 3 décembre est la Journée internationale des personnes en situation de handicap. A cette occasion, la Fédération Bruxelloise des Entreprises de Travail Adapté (FEBRAP) lance un appel urgent. Les 12 entreprises de travail adapté bruxelloises, qui proposent des emplois à 1.450 personnes en situation de handicap, se trouvent à un tournant décisif. Elles n’ont pas assez de moyens pour assurer leur mission sociale.
Une perte de marchés
Les marchés traditionnels sous-traités auprès des entreprises de travail adapté (ETA) évoluent ou disparaissent de Bruxelles. Le travail sur des chaînes de production, activité très répandue dans le secteur, devient rare en raison de la désindustrialisation, de la mécanisation des tâches et de la main-d’œuvre étrangère bon marché. Jean Wouters (Président de la FEBRAP) résume la situation : « La Belgique est le seul pays européen qui assure à ses travailleurs le salaire minimum moyen garanti. Avant, cela fonctionnait, car les subsides publics compensaient globalement la perte de productivité liée aux handicaps de nos travailleurs. Cela nous permettait de jouer à jeu égal avec les entreprises qui n’engagent pas de personnes en situation de handicap, ce qui est parfaitement logique. Ce n’est plus le cas depuis des années car le type de missions confiées aux ETA a changé alors que les règles qu’on nous impose et nos subventionnements ne sont plus adaptés. Par ailleurs, dans les autres pays européens, les entreprises sont soit sanctionnées quand elles ne collaborent pas avec le travail adapté, soit récompensées quand elles le font (par exemple via une réduction des obligations). En Belgique, nous n’avons aucun des deux systèmes »
Le secteur est donc fragilisé par l’insuffisance de subventions et l’absence de dispositifs incitatif ou coercitif pour assurer une sécurité économique. Les aides sparadraps ne suffisent plus. Aujourd’hui, il faudrait rapidement trouver une nouvelle aide de 3 millions pour permettre à ces ASBL de garder la tête hors de l’eau en raison des pertes subies sur l’année 2024.
L’inclusion ne peut attendre
Face à ce constat, la FEBRAP suggère un New Deal - 21 recommandations élaborées par les chercheurs du CIRIEC - qui aiderait à préserver ce type d’emplois. Elle demande aux partis pressentis pour former le futur gouvernement de la COCOF un engagement concret pour mettre en œuvre les recommandations du CIRIEC et soutenir durablement le secteur des ETA. « Si ce n’est pour une raison strictement éthique, le pouvoir public a tout intérêt à soutenir le travail adapté pour une raison économique : un travailleur en situation de handicap coûte bien moins cher à l’Etat qu’un demandeur d’emploi ou un bénéficiaire en centre de jour ».
En outre, « Les ETA sont bien plus que des lieux d’emploi pour personnes en situation de handicap. Ce sont de véritables entreprises qui adaptent des activités ordinaires aux besoins spécifiques des travailleurs en situation de handicap, leur offrant des emplois valorisants et adaptés à leur niveau de compétences. L’étude du CIRIEC reconnaît d’ailleurs que les ETA bruxelloises offrent à leurs travailleurs des perspectives professionnelles plus valorisantes que celles disponibles dans le circuit de travail ordinaire, un facteur essentiel pour l’inclusion sociale et professionnelle de ce public ».
En conclusion, parce que les ETA sont des acteurs essentiels de notre société, elles méritent un soutien proportionnel à leur impact social