Le Premier ministre portugais mis hors-jeu

Share on Facebook

Avec le Danemark et l’Espagne, Le Portugal était l’un des derniers bastions où la gauche gouverne seule dans l’Union européenne, mais la carrière politique d’António Costa (62 ans) est désormais terminée. Eclaboussé par un scandale, le Premier ministre portugais rend son tablier. Dans une allocution télévisée, le leader socialiste du pays depuis 2015 a déclaré, ce mardi 7 novembre, « que dans ces circonstances, évidemment, j'ai présenté ma démission au président de la République ». Les circonstances ? Cette annonce est intervenue quelques heures après l'arrestation par la police de son chef de cabinet et la perquisition de plusieurs bâtiments publics et autres propriétés privées. Les suspicions ? La réalisation d'activités présumées illicites concernant, notamment, des projets de mines de lithium et de production d’hydrogène vert, des chantiers largement financés par l’Europe dans le cadre du Pacte vert. Le socialisme ne se réinvente pas !

Ce que l’on sait

Cela fait un bon moment que les autorités portugaises investiguent. Cette enquête a connu une accélération ce mardi 7 novembre, avec 42 perquisitions, selon le décompte de la presse portugaise. Plusieurs ministères ont notamment été le théâtre de descentes de police, dont ceux de l’Environnement et des Infrastructures. Le titulaire de ce dernier portefeuille, Joao Galamba, a été mis en examen et a démissionné. Des perquisitions ont aussi eu lieu au siège même du gouvernement, notamment dans les bureaux du chef de cabinet du Premier ministre, Vítor Escaria, considéré comme « l’homme de l’ombre d’António Costa ». Un mandat d’arrêt a également été délivré contre ce dernier.

Des descentes de police ont eu lieu dans les locaux du ministère de l'environnement et du ministère des infrastructures. L'affaire qui a coûté son poste au socialiste après presque huit ans au pouvoir, porte sur des soupçons de « malversation, corruption active et passive de titulaires de fonctions politiques et de trafic d'influence » liés à des concessions minières de lithium près de la frontière nord du Portugal avec l'Espagne et à des projets de construction d'une usine d'hydrogène vert et d'un data center à Sines, sur la côte sud.

Les mines de lithium et les projets d'hydrogène vert du Portugal s'inscrivent dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, encouragé et largement financé par l'Union européenne. Antonio Costa a été l'un des principaux soutiens de ces projets et un allié du Premier ministre espagnol, également socialiste, Pedro Sánchez.

Conséquences politiques

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a accepté la démission d’Antonio Costa. Il a indiqué dans un communiqué qu'il rencontrait mercredi les représentants des partis politiques portugais et qu'il s'adresserait à la nation après la réunion du Conseil d'État de jeudi. Face à cette crise gouvernementale, il devrait dissoudre le parlement et convoquer de nouvelles élections.

La plupart des chefs de parti se sont déjà dits « prêts » pour la suite, dans un contexte où le Parti socialiste portugais a déjà été affaibli par de précédents scandales. L'un des plus marquants reste le « TAPgate », du nom de la compagnie aérienne publique qui avait été renationalisée en urgence en 2021 pour éviter la faillite. Ce scandale a éclaté après les révélations sur le versement d'une indemnité de départ de 500.000 euros à une administratrice de TAP. Celle-ci a ensuite pris les commandes de l'entreprise de contrôle aérien et atterri quelques mois plus tard au poste de secrétaire d'État au Trésor. Plus d'une dizaine de ministres et de secrétaires d'Etat ont déjà quitté leur poste depuis en raison de cette affaire.

De manière générale, il est frappant de constater que partout en Europe, les success stories politiques socialistes se font très rares et les scandales plus nombreux. Les scores sont en déclin et lorsqu’il y a coalition, elles sont très fragiles …

Alessandra d'Angelo