Vandebroucke serait-il allergique à la transparence ?

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Fin 2022, c'est la panique au SPF Santé Publique. Cela ressort clairement des échanges de courriels internes et d’extraits de vidéos que Het Laastste News (HLN) a pu visualiser, mettant en cause le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit). Rappelons que Medista affirme que le SPF Santé publique a truqué un appel d’offres à l’avantage de l’entreprise Movianto, pour un contrat portant sur la distribution de vaccins anti-covid. Près de quatre heures d’images, trois heures de conversations téléphoniques et des échanges de mails - récoltés par une société d’enquête privée, Black Cube, engagée par Medista - ont été transmis à la presse flamande. Force est de constater que le réputé (Frank)-tireur au (Frank)-parler s’exprime tout de suite beaucoup moins qu’il y a quelques mois. Il se tapit derrière un audit attendu et compte sans doute sur le calendrier.

Silence radio

HLN a pu visionner de nouvelles séquences, jamais rendues publiques auparavant, qui soulèvent de sérieuses questions sur ce qui s'est passé au sein du département de la Santé. Sur une des vidéos, on peut voir une fonctionnaire du SPF expliquer comment elle a aidé Movianto à remporter le marché. Les enregistrements montrent aussi le directeur flamand de l'entreprise logistique française Movianto, déclarer : « si nous n'avions pas eu d'aussi bons contacts avec les responsables, nous n'aurions jamais gagné ». Il affirme aussi avoir reçu des informations sur les détails de l’appel d’offre et les prix de Medista. Le restes des découvertes est à lire sur HLN : « The Medista Tapes »

Ces éléments nouveaux apportent un éclairage différent sur le dossier. Et pourtant ! HLN a présenté les images au ministre Vandenbroucke, mais celui-ci n'a pas souhaité répondre sur le fond. Il a choisi de s’en tenir à une brève déclaration. « Nous avons annoncé en décembre qu'il y aurait un audit interne. Cette enquête est en cours et nous nous en remettons aux auditeurs. Nous demandons une fois de plus que les vidéos complètes nous soient fournies ou qu'elles soient fournies à l'Audit interne fédéral, afin qu'elles puissent être incluses dans l'enquête ».

De parade en parade

Pour mémo, depuis le début de cette affaire, F. Vandenbroucke a d’abord affirmé qu’il n’était pas au courant – rappelons qu’il a la responsabilité de son ministère et des gens qu’il emploie – pour ensuite se retrancher derrière le Conseil d’Etat. Nouvelle parade : l’audit interne fédérale !

Les conclusions de l’audit préliminaire qu’il a commandée sont attendues pour début février. Sur base de ces conclusions, « un audit plus approfondi sera alors envisagé, tout comme la transmission des pièces du dossier au parquet ». Cette enquête préliminaire porte sur les éléments supplémentaires récoltés depuis l’arrêt du Conseil d’État rendu en août 2022, et notamment sur les contacts qui ont été pris par le SPF Santé publique et par ses fonctionnaires avec des tiers.

Il est toutefois quand même dommage, en termes de transparence politique, que F. Vandenbroucke, sous le feu de vives critiques dans ce dossier, ait refusé depuis des mois de rendre spontanément un certains nombres de documents publics. Non seulement cela aurait éviter des frais de détective privé dans le chef de Medista, déjà pris à la gorge financièrement à cause de ce différend, mais il aurait surtout démontré qu’il assumait les errances de son ministère, si fautes il y a.

Une allergie chronique

En étirant le temps, sans doute, F. Vandenbroucke compte-t-il sur l’échéance électorale du 9 juin prochain pour pouvoir enterrer sa responsabilité. A l’évidence, les répercussions politiques seront nettement moins graves qu'aujourd'hui. Pour l’instant cependant, seul le Vlaams Belang réclame sa démission. D'autres partis d'opposition se montrent critiques, mais n’exigent encore rien. Quant à Vooruit, il n’y a aucun doute (sic !) sur la manière dont F. Vandenbroucke a traité ce dossier. Franchement, c’est gros ! Le mieux serait qu’il bien évidemment qu’il parte de lui-même. On peut rêver, surtout lorsque l’on sait qu’il aimerait, pour l’avoir déjà annoncé, rempiler pour 5 ans comme ministre de la Santé car, dixit « il n’a pas terminer le travail ». Peut-être devrait-il commencer par plancher sur les allergies chroniques à la transparence …

 

Alessandra d'Angelo