Depuis le début de la pandémie, Pékin tente de faire croire, à coup de propagande et de désinformation, que le Covid-19 ne trouve pas sa source en Chine. La théorie de l’origine animale, comme celle des aliments surgelés importés, a été la plus véhiculée. Le virus aurait été détecté dans des produits à base de porc en provenance d’Allemagne, des crevettes d’Équateur, du saumon de Norvège et d’autres produits importés. Or, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que la possibilité d’infection par contact avec des aliments et des emballages alimentaires est très mince. Quant aux animaux, il n’y a aucune preuve tangible à ce stade. Une nouvelle étude, parue à la mi-mars, conclut que le virus du Covid-19 a – à 70% - une origine « non naturelle », avec une forte probabilité qu’il provienne de l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), situé dans le district de Jiangxia.
Depuis le début de l’épidémie en décembre 2019, les origines animales et la fuite de laboratoire ont été les deux principales hypothèses pour expliquer la provenance du virus. Si un large éventail d’animaux, dont des chauves-souris, ont été soupçonnés d’être la source du virus, aucun animal n’a encore été identifié comme l’hôte naturel ou intermédiaire du virus. Cette nouvelle étude, évaluée par des pairs, a été publiée dans la revue Risk Analysis le 15 mars dernier et apporte d’autres éléments de réponse qui penchent vers le virus de laboratoire, même si la Chine a toujours réagi vivement à ce qu’elle appelle des « accusations destinées à salir le pays en politisant le virus ».
Le scénario le plus vraisemblable
Les chercheurs ont utilisé un outil Grunow-Finke modifié (mGFT), un outil d’analyse des risques épidémiologiques qui différencie les épidémies naturelles des attaques biologiques délibérées.
Les auteurs ont recueilli les données Covid-19 par pays du 1er janvier 2020 au 31 octobre 2022 et les ont évaluées en utilisant l’outil mGFT selon 11 critères : risque biologique, souche inhabituelle, distribution géographique, concentration environnementale, intensité de l’épidémie, mode de transmission, temps, propagation exceptionnellement rapide, limitation de la population, manifestation clinique et observations particulières.
Aucun animal n'a été identifié comme « hôte naturel ou intermédiaire du virus ».
« En utilisant l’algorithme GFT modifié, le résultat montre un total de 41 points (68%) sur un maximum de 60 points, ce qui indique que le SARS-CoV-2 est plus probablement d’origine non naturelle », affirment les auteurs de l’étude. Les chercheurs soulignent également que les accidents de laboratoire sont « courants » et que si l’agent pathogène est très contagieux, un seul travailleur infecté peut déclencher une épidémie.
En outre, « le fait que le premier groupe de cas se trouvait à proximité d’un laboratoire de pointe sur les coronavirus, connu pour ses expériences sur les virus de type SRAS, et d’un second laboratoire qui travaillait également sur les coronavirus, ne peut pas être considéré comme sans importance », ont-ils écrit. Certains des premiers cas d’infection par le Covid-19 ont été signalés sur le marché aux fruits de mer de Hunan, situé à seulement 13 km du WIV. Le 2 décembre 2019, le Centre de contrôle et de prévention des maladies de Wuhan, qui étudie les coronavirus, s’est installé à seulement 280 mètres du marché aux fruits de mer.
Les chercheurs rappellent que le mGFT est un outil très sensible lorsqu’il s’agit de faire la distinction entre les origines naturelles et non naturelles des virus. L’étude met en évidence une « série d’actions inhabituelles » qui ont eu lieu au WIV, à une période qui correspond à la pandémie de Covid-19.
Ce travail de recherche a été financée par le Fond pour l’avenir de la recherche médicale (Medical Research Future Fund), le gouvernement australien et le Fond Balvi Filantropik. Rappelons que, rapports à l’appui, de nombreuses agences américaines pensent également que le virus du Covid-19 s’est échappé du WIV.