Formateur discret, penseur du jeu, champion du monde U20. Mohamed Ouahbi n’a jamais eu besoin d’un nom ronflant ou d’une carrière de joueur professionnel pour s’imposer. Ce qu’il a, c’est une méthode claire, une rigueur constante, et une vision limpide du football. Aujourd’hui, il entre dans l’histoire en offrant au Maroc son tout premier sacre mondial dans la catégorie U20, après une victoire mémorable contre l’Argentine. Portrait d’un technicien schaerbeekois devenu figure planétaire.
Né le 7 septembre 1976 à Schaerbeek, Mohamed Ouahbi grandit dans un quartier populaire où le ballon rond est bien plus qu’un jeu. Sa passion pour le football se révèle en 1986, lors de la Coupe du Monde. Dans sa famille, on soutient les Diables Rouges, mais son cœur bat déjà pour le Maroc. Cette double culture, il l’a toujours assumée avec fierté et intelligence.
Avant de faire carrière dans le sport, Ouahbi suit la voie de l’enseignement. C’est au Maccabi Foot Brussels qu’il découvre l’importance de la pédagogie et de la transmission, en coachant les jeunes. Cette expérience lui donne goût au métier d’éducateur sportif. En 2003, il intègre la formation du Royal Sporting Club Anderlecht. Il y restera dix-sept ans, formant les jeunes de l’académie, des U9 aux U21. Parmi les talents passés sous sa direction figurent Youri Tielemans, Leander Dendoncker, Adnan Januzaj .
À Neerpede, il contribue également au programme Purple Talent, qui accompagne les jeunes joueurs dans leur parcours scolaire et humain. Il est reconnu pour son approche rigoureuse, calme et humaine. Titulaire d’une licence UEFA Pro, il développe une philosophie basée sur la technique, la discipline et la responsabilité. Selon lui, un joueur ne doit pas seulement exécuter des consignes, il doit aussi réfléchir et comprendre le jeu.
Mohamed Ouahbi est ensuite promu adjoint de Besnik Hasi au sein de l’équipe première d’Anderlecht. Ce passage au plus haut niveau lui permet de renforcer sa vision stratégique et de confirmer son leadership naturel. En 2020, il quitte la Belgique pour rejoindre Al-Fateh SC en Arabie saoudite, en tant qu’adjoint de Yannick Ferrera, ancien collègue du RSCA.
Deux ans plus tard, la Fédération royale marocaine de football le sollicite pour diriger la sélection nationale U20. Malgré un départ difficile et une élimination à la CAN 2023, la FRMF choisit de lui renouveler sa confiance. Et elle a eu raison. Car en 2025, au Chili, les Lionceaux de l’Atlas remportent la Coupe du Monde U20 en battant l’Argentine deux buts à zéro. Ce triomphe marque un tournant dans l’histoire du football marocain. C’est le premier titre mondial du Maroc dans cette catégorie et le deuxième pour le continent africain après le Ghana en 2009.
Dans ce groupe victorieux, plusieurs joueurs ont été formés en Belgique, notamment l’Anderlechtois Ali Maamar et le Carolo Yassine Khalifi. Une preuve de plus de la continuité entre la vision développée à Schaerbeek, à Anderlecht et celle appliquée aujourd’hui sur la scène internationale.
Ce sacre n’est pas simplement une victoire sportive. C’est l’aboutissement d’un parcours bâti sur l’humilité, la pédagogie, et une exigence de chaque instant. Mohamed Ouahbi est la preuve qu’on peut venir d’un quartier comme Schaerbeek, ne pas avoir été footballeur pro, et pourtant inscrire son nom dans l’histoire du football mondial.
Dans un monde du ballon rond souvent bruyant et médiatisé, il incarne un autre style. Celui d’un bâtisseur silencieux, dont la méthode et la constance ont fini par convaincre tout un continent. De Schaerbeek à Santiago, en passant par Neerpede, Mohamed Ouahbi a su tracer un chemin unique, fidèle à ses valeurs. Respect.